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26 juillet 2006

L'ONU, merci mais... non merci

C'est donc sans témoins que doit se dérouler le massacre des civils libanais.

La FINUL avait déjà été bombarbée le 19 juillet, à deux reprises. Le bombardement d'une seule base de l'ONU aurait pu passer pour un «dommage collatéral». Mais le bombardement de deux bases distinctes le même jour, ça ne pouvait être qu'un «message».

Message que, le lendemain, les Israëliens faisaient expliciter par le très complaisant quotidien libanais L'Orient-Le Jour dans un article qui ne cite que des sources israéliennes (ce qui, pour un quotidien arabe d'un pays bombardé par Israël, est tout de même assez exemplaire): les Israéliens ne veulent pas de l'ONU sur le terrain, contre laquelle ils auraient une «méfiance tenace».

Hier, ce sont quatre observateurs de la FINUL qui ont été tués par un bombardement israélien, dans ce qui est, pour Kofi Annan, un raid qui a – «apparemment délibérément» – visé la position de Khiam. Dans le Figaro:

Mercredi, sur la foi d’informations recueillies auprès de sources diplomatiques onusiennes, la BBC a présenté une chronologie différente du drame. Selon le groupe audiovisuel britannique, Israël aurait bombardé les alentours du poste de l’ONU pendant six heures. Durant ce tir de barrage, les occupants du bâtiment auraient contacté les officiers israéliens, leur demandant de cesser les bombardements. L’armée israélienne leur aurait alors assuré alors que les tirs allaient cesser. Las, le déluge de feu perdure. A dix reprises, les observateurs de l’Onu auraient renouvelé leur demande aux Israéliens, qui auraient, à chaque fois, promis pour bientôt la fin des tirs. Le dernier, un missile guidé de haute précision qui touche de plein fouet le poste de la Finul, a coûté la vie à quatre observateurs.

Immédiatement après les faits, des hommes de la Finul, Indiens pour la plupart, auraient alors accouru autour des décombres, entreprenant d’en extraire les corps, parfois avec de simples pelles, ou à même à main nues. Mais, selon Milos Struger, porte-parole de la FINUL, les Israéliens auraient continué de tirer sur la zone «pendant l'opération de secours ».
Peu après, le ministère des Affaires étrangères irlandais est venu préciser la version de la BBC, en rapportant les paroles du lieutenant-colonel John Molloy, l'officier irlandais chargé de la liaison entre la force multinationale et Israël. Il affirme avoir, par six fois, prévenu les Israéliens que leurs bombardements « mettaient en danger la vie des personnels de l’Onu ». Il leur aurait déclaré : « Vous devez régler le problème, ou des vies pourraient être perdues », selon le porte-parole de la diplomatie irlandaise.
On est passé, nettement, au-delà de l'expression d'une «méfiance tenace»...

Je ne vois guère que deux explications à ces attaques répétées contre la FINUL et à l'assassinat de ses observateurs.

– Éloigner les observateurs internationaux de la zone des combats. Ne pas avoir de témoins «officiels» directs des méthodes de meurtre utilisées par Tsahal. Encore hier:
Par ailleurs, des ONG dénoncent l’emploi par les forces israéliennes d’armes prohibées contre les populations civiles. Un responsable de la mission de Médecins du monde en Palestine, Régis Garrigues, a constaté la gravité inhabituelle des blessures infligées lors des dernières attaques israéliennes à Gaza. Sur 180 victimes rapporte-t-il, 35 présentaient des amputations, des membres inférieurs surtout. Toutes les parties découvertes du corps de certains blessés sont brûlées. D'autres présentent des membres très délabrés comme s’ils avaient été déchiquetés par des mines.

Tout cela ressemble à des effets de bombes à fragmentation tirées par des drones avec des sous-munitions à retardement, des armes sophistiquées. De son côté, Handicap International, une ONG française, alerte aussi la communauté internationale sur la possible utilisation de ce type d’arme ces derniers jours, en particulier dans la banlieue sud de Beyrouth. Les sous-munitions sont des mini-bombes regroupées par dizaines ou centaines dans des conteneurs. Dispersées au moment de leur largage, elles bafouent les règles du droit international qui, rappelle Handicap international, impose aux belligérants de faire la distinction entre cibles militaires et zones civiles.
Or, cette question des bombes interdites devient un sujet gênant pour la propagande israélienne. Depuis quelques jours, les propagandistes les plus hystériques de la violence anti-libanaise se concentrent sur ce point.

Menahem Macina, spécialistes des textes négationnistes (Sabra et Chatilla: «Aucun Chrétien libanais ne fera des excuses pour avoir tué des assassins et des meurtriers», «Israël n'a eu aucune responsabilité directe dans le massacre des Palestiniens qui a été perpétré par la principale milice chrétienne du Liban, les Forces Libanaises», etc.) se charge de cette tache peu glorieuse.

D'abord: dénoncer le «syndrome du massacre de Jénine» (traduction d'un texte de Sever Plocker). Menahem Macina ajoute à la traduction cet élégant commentaire personnel:
Mais, d'ores et déjà, un chiffre devrait mettre la puce à l'oreille : 360 morts, c'est une tragédie certes, mais à l'échelle de l'ampleur des bombardements effectués, cela tient du miracle.
Surtout, désamorcer le scandale des bombes interdites. M. Macina tente l'impossible dans «Nouvelle calomnie mortelle: Israël utiliserait des bombes au phosphore». L'article dénonce avant tout les commentaires du «site altermondialiste “Le Grand Soir”», cible qui, évidemment, ne risque pas d'emporter la sympathie des lecteurs de ce site de la droite de la droite patronale (Union des patrons juifs de France). Les autres sources, crédibles, sont évidemment ignorées. Explication (tenez-vous bien):
Il n’est pas venu à l’idée de ces «journalistes» diabolisateurs d’Israël, que les victimes, apparemment brûlées au phosphore (pour peu que la chose soit avérée), puissent l’avoir été suite à des explosions, provoquées par des bombes israéliennes, de caches d’armes du Hezbollah, qui elles, à n'en pas douter, contiennent de telles armes prohibées!
Donc: c'est le Hezbollah qui stocke des armes prohibées, les bombardements israéliens sur les dépôts d'armes du Hezbollah les font exploser, d'où les dégâts constatés. Voilà qui n'a rigoureusement aucun sens, et on aimerait connaître les conditions d'emploi pour que de telles armes ravagent des zones civiles. Certainement pas stockées au fond d'un bunker. D'autant que, outre les bombes au phosphore, les rapports parlent de bombes avec des sous-munitions à retardement; armes qui ne peuvent être utilisées que dans des conditions de largage précises.

On comprend tout de même qu'il devient vital d'éloigner tout observateur impartial (et crédible – donc occidental) des zones où Tsahal utilise ces armes .

– L'autre possibilité est de vouloir interdire une présence future de l'ONU, et ainsi de forcer une occupation, comme cela a déjà été évoqué, par l'OTAN. Ce qui concluerait de superbe façon l'agression israélienne, avec une occupation du Liban chapeautée par les États-Unis.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

vous seriez bien aimable de ne pas oublier de saluer le contribuable americain qui est quand même celui qui paye pour tout cà soit possible.
toutes ces munitions sont gracieusement offertes à titre d'aide des USA au peuple israelien.
le nouveau moyen-orient ne se dessine pas avec les armes barbares utilisés par les arabes en irak par exemple!

coco_des_bois a dit…

Ce matin, sur France Inter, on apprend aux infos (entre deux louanges de la privatisation-fusion de GDF) que le Hezbollah a opposé une résistance très importante à l'armée Israélienne... pensez donc 9 militaires morts !

Voilà le mélange des genres, la confusion totale, qui pourrait laisser penser qu'il y a un quelconque rapport de force et que nous sommes en présence d'une "guerre". Pourtant le terme "résistance" a eu d'autres significations...

Il y a peu, on apprenait que le Hezbollah disposait d'une quantité énorme d'armes, de roquettes et je pense qu'ils ont même un porta-avion dans une poche, si si, celle de gauche au fond. C'est sans doute à cause de ça le phosphore ...

Demain on nous expliquera que le chômage baisse en France pour le 169875eme mois consécutif et que l'on en est à 1.5%, juste avant les annonces des bénéfices records de Total et Esso.

Merci pour tes liens et infos.

Anonyme a dit…

Le "Nouveau moyen Orient": vous y croyez vous?
Il y a du pétrole à prendre, c'est tout. Et ça ne durera que le temps d'épuiser les puits. Après, Israel se repliera dans son bunker (n'est-ce pas ça, le fameux mur?)
Le "Nouveau Moyen Orient", c'est de la nourriture pour que les gogos puissent camoufler leur lâcheté. C'est tout.

Anonyme a dit…

http://www.lactualite.com/nouvelles/monde/article.jsp?content=M072817AU

C'était bien senti... Aujourd'hui vendredi 28, l'ONU plie bagages.

Je ne vais pas en voiloir à des soldats volontaires de risquer leur vies pour rien, mais si l'onu ne peut rein faire contre la situation actuelle, ou un pays "civilisé" en détruit un autre, il faudrait peut-être réformer l'ONU...

A mon avis, les rétorsions économiques style boycott total d'Israël, (un peu comme les US font pour Cuba, sauf que là bas ils font ça pour le folklore), seraient très efficaces. L'effet d'un boycott est beaucoup plus dévastateur sur une économie mondialisée que sur une économie de survie.

Anonyme a dit…

Ca me donne envie de vomir!
et comme on entend souvent: nous sommes en paix! ben oui, on y croit tous très fort...
à ce sujet, un article interessant trouvé sur un blog:
http://ww4.hautetfort.com/

Anonyme a dit…

La nouvel FINUL est dotee de missile sol-air. Cela devrait aider Tsahal a diminuer les tirs accidentels sur les casques bleus.