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20 juillet 2006

Rapatriement «élargi»

J'espère que ces informations pourront vous être utiles.

– Les Français rapatrient non seulement les ressortissants français, mais aussi les résidents (les gens qui vivent en France avec une carte de séjour). Les ressortissants sont annoncés comme prioritaires, mais les résidents seront bien rapatriés.

– Les Britanniques rapatrient leurs ressortissants, quel que soit leur «niveau» de citoyenneté. Il existe en effet (sauf erreur) quatre niveaux de passeports britanniques, hérités des anciennes colonies. Même si votre passeport ne vous permet pas de résider de manière permanente en Grande-Bretagne en temps normal, les dernières informations dont je dispose m'indiquent que vous serez quand même rapatriés.

– Si vous êtes bloqués au Liban, ne faites pas l'erreur de penser que, parce que les Européens ne font politiquement rien pour le Liban, ils n'aideront pas leurs résidents. J'ai constaté que cet amalgame émergeait quelque fois: dégoûtés par la situation et le silence criminel des Européens (voire le soutien entier aux assassinats israéliens), certains se mettaient en tête qu'ils seraient abandonnés sur place. Ça n'est pas le cas. Dans tous les cas, préférez attendre un rapatriement sécurisé plutôt que vous lancer sur les routes vers la Syrie. Ces routes sont excessivement dangereuses.

– Évitez les déplacements inutiles, le rythme des rapatriements s'accélère d'heure en heure. À ma connaissance, il n'est pas prévu d'instaurer des «couloirs» sécurisés ni des «extractions» sous protection militaire pour aller «chercher» les rapatriés. En revanche, j'apprends que les rapatriements ne s'effectuent pas uniquement depuis Beyrouth. Il y aurait eu, par exemple, un bateau français à Tyr (extrême Sud).

Correction: d'après cette dépêche AFP,

L'ambassade de France a pu mettre en place un «convoi sécurisé» pour le transfert de Nabatiyeh (sud du Liban) vers Beyrouth de 120 personnes, dont 70 Français, qui se trouvaient dans une «situation difficile».
– Aidez la cellule de crise du quai d'Orsay. Si vos proches parviennent à quitter le pays autrement que par les services de l'Ambassade de France (par la route, ce qui est vivement déconseillé, encore une fois; ou rapatriés par un autre pays), passez un petit coup de fil à la cellule de crise pour qu'ils les retirent de leurs propres listes; ce geste est très apprécié. Lors de vos contacts avec la cellule, n'hésitez pas à glisser toute information de première main dont vous disposez (bombardements, zones isolées, routes impraticables, routes praticables...); ne leur répétez pas vos lectures de dépêches AFP, contentez-vous des informations de première main tenues de vos proches.

– Je ne vous apprends rien, mais il est toujours bon de le rappeler: lors de vos contacts avec vos proches bloqués là-bas, évitez à tout prix de leur communiquer votre propre inquiétude. Rassurez-les et informez-les sur l'évolution des rapatriements, sur l'accélération du rythme des rotations et du nombre de bateaux, sur le fait que le rapatriement concerne bien «tout le monde» (ci-dessus). Restez calme et faites sentir que vous vous activez de manière organisée et responsable. C'est de cela qu'ils ont le plus besoin. À l'inverse, transmettre votre propre angoisse ne fera qu'ajouter à la leur, et risque de leur faire prendre des risques inconsidérés.

– Les communications sont difficiles, et lorsqu'on parvient à téléphoner, on risque toujours d'être rapidement coupés. Encore une fois, votre tâche à l'étranger est d'informer et de rassurer. Informez-vous de la situation rapidement, encore une fois sans transmettre votre inquiétude (ça va? que font les enfants?); annoncez clairement l'évolution des rapatriements; expliquez clairement vos démarches (j'ai appelé le Quai d'Orsay, ils disent que...; j'ai contacté monsieur Untel à l'Ambassade...; madame Truc va s'occuper de ton dossier...); transmettez les pensées de vos amis (ne dites pas «mes parents ont appelé, ils s'inquiètent pour vous», mais préférez «mes parents ont téléphoné, ils pensent à vous et vous embrassent»). Ensuite seulement les petits mots doux et autres douceurs.

Je suppose que nous l'avons tous fait au moins une fois, il faut cependant prendre garde à éviter à tout prix les conversations paniquées de ce genre: «Ça va, ça va? Je suis mort d'inquiétude, ici, j'ai pas de nouvelles de vous depuis hier... Ils sont fous, ils tapent tout, ils tapent Chtaura, ils brûlent le Sud, ils ont tapé un camion de médicaments, c'est des sauvages...». Effet catastrophique assuré.

Calme, sentiment de responsabilité. Informer. Rassurer. Vous gérez la situation.

Bon courage à tous.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

En effet, les français rapatrient également les résidents en France.

MAIS je ne sais pas pour quand!?
ils disent que c'est après les français mais je ne suis pas rassuré! Israel attend l'évacuation des étrangers pour envahir totalement le Liban...

J'espère que je me trompe!

Anonyme a dit…

En fait, MERCI BEAUCOUP pour ces informations Nidal.

On prie tous pour que ces .... laissent le monde arabe en paix!

Marocain à coeur serré!