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30 janvier 2007

Le racket de la dette

Une des grandes difficultés des débats au sujet du Liban concerne la mauvaise perception, à mon avis, que l'on a de l'origine de sa dette. Le CADTM (Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde) a ainsi proposé des commentaires qui lient, de manière très nette, la nature odieuse de la dette du Liban à ses périodes de guerre (et notamment à la dernière agression israélienne de l'été dernier):

Désormais, pour se reconstruire, le Liban va encore faire appel aux capitaux étrangers. Cela implique une nouvelle augmentation de la dette et de nouvelles mesures économiques d’ajustement structurel qui la conditionnent. De ce fait, le peuple libanais va devoir payer très cher, dans les années à venir, pour les conséquences de cette guerre infligée par Israël en violation des traités internationaux régissant les relations entre États.
Au lendemain de l'assassinat de Rafiq Hariri, on a vu circuler sur l'internet un texte dénonçant la dette comme la conséquence unique d'un racket organisé par les Syriens. La logique me semble assez similaire: sans les Syriens, les Libanais menés par Hariri auraient pu développer une économie digne de la Suisse; sans les Israéliens, sans le Hezbollah, sans...

Cette attitude est fréquente dans les discours libanais (de tous bords). En cela, le discours sur la dette, au Liban, rejoint celui sur la guerre civile. L'économiste Charbel Nahas écrivait ainsi en septembre 2000, dans son étude «Le Liban, dix ans depuis la guerre, des enjeux sans joueurs»:
Un silence pesant s'est installé sur le sujet de la guerre dans son intégralité. Le discours-récit officiel et unifié en a fait un événement exogène et accidentel. [...] Le récit simpliste de la guerre, «guerre des autres sur notre terre», ne s'est imposé que parce qu'il produisait l'effet d'une amnésie disculpatrice, car si c'est bien un récit auquel personne ne croit – mais personne ne croit plus à grand chose – c'est surtout un récit auquel tout le monde a besoin de s'accrocher, car ce non-récit, ce récit vide que l'on sait ou que l'on suppose être le plus grand commun dénominateur, agit comme une sorte d'exorcisme.
Ce refus d'aborder la guerre autrement que par l'idée d'une «guerre des autres» a évidemment des conséquences politiques. Politiques, mais aussi sociales et économiques.
[La guerre] a été marquée par l'exacerbation de comportements préexistants qui se perpétuent après sa fin. Elle a, en contrepartie, oblitéré et affaibli des tendances inverses qui auraient pu apporter des solutions alternatives aux causes du conflit. Elle a surtout extirpé, dès leurs racines, les projets antagoniques de société en les culpabilisant collectivement.
De manière similaire, la perception d'une dette «imposée par les autres» induit des analyses erronées de la réalité politique libanaise et interdit les projets politiques alternatifs.

Plus généralement, les divers commentaires actuels s'attardent sur le fait que les caisses libanaises seraient vides: on comprend bien qu'il s'agit là d'un pays ruiné, qu'il n'y a plus d'argent, et que la conférence de Paris 3 était la dernière bouée de sauvetage.

Pourtant, il y a beaucoup d'argent au Liban. Il me semble intéressant de signaler à mes lecteurs qu'il y a, au Liban et, dans les poches des Libanais, beaucoup plus d'argent que le montant (pourtant astronomique) de leur dette. Et qui plus, cet argent est dans les banques!

Le PIB du Liban est d'environ 20 milliards de dollars annuels; le montant de la dette est d'environ 40 milliards de dollars. Ça, vous le savez peut-être déjà. Suivez bien, parce que je doute que vous l'entendiez souvent en ce moment: le montant des dépôts dans les banques libanaises est d'environ 65 milliards de dollars, et le montant des réserves de la banque centrale se situe autour de 10 milliards de dollars. Le Liban ne manque pas de liquidités.

Non, je ne fais pas le compte des «biens» de l'État libanais, des entreprises qu'il s'apprête à privatiser, des économies à venir en se débarrassant des fonctionnaires, etc. Je parle d'argent qui se trouve dans les banques libanaises: il y a plus de 60 milliards qui sont placés là.

Autrement dit: l'État libanais est extrêmement pauvre et endetté, mais «le Liban» est riche.

Quand le CADTM écrit: «Cela représentait plus de 6260 dollars par habitant, sans compter la dette interne qui est du même ordre de grandeur, ce qui en fait un des pays les plus endettés au monde par habitant.», il ne prend pas en compte qu'en réalité, «par habitant», le solde est positif.

Évidemment, «le Liban» ne signifie pas «les Libanais» dans leur ensemble. Selon un rapport du Conseil économie et social publié à Beyrouth en 2000, cité par Georges Corm:
Cette situation [de grande inégalité] est confirmée par la statistique de la répartition des dépôts bancaires par importance des dépôts: c'est ainsi que 72% des comptes bancaires ne représentent que 4,3% de la masse des dépôts, cependant que 9,2% des comptes détiennent 82,7% de la masse des dépôts.
Un chiffre confirme que cette situation perdure; en novembre dernier, le quotidien Al-Akhbar indiquait que 2% de la population possède 60% des dépôts en banque, «une situation qui n'existe même pas au Brésil, où 18% de la population possède 60% des dépôts».

Ainsi, de manière caricaturale, les dépôts en banque de seulement 2% de la population représentent 39 milliards de dollar, ce qui couvre quasiment l'intégralité de la dette abyssale du pays...

J'ai déjà expliqué ce principe de la dette dans mon billet «Au Liban, une mafiocratie contre son peuple»; je vous invite à le lire si vous ne l'avez pas encore consulté, c'est le billet qui fonde mes réflexions sur ce blog (et, oui, c'est vraiment très long). Il me semble cependant utile de revenir sur cet aspect de la politique libanaise: là où l'on présente habituellement la dette libanaise comme une conséquence des politiques locales et régionales, je pense au contraire que la dette est le moteur même de la politique libanaise, le but de la politique Hariri-Sanioura étant justement la constitution de cette dette.

Rappelons que l'exposé du billet sur la «mafiocratie» commençait par indiquer que Taëf n'avait pas mis fin à la guerre milicienne: elle en avait seulement transformé les méthodes. La prédation contre les Libanais et leur État ne relève plus du hold-up milicien, mais d'un racket légalisé organisé par les plus hautes instances de l'État. Cette politique, que je qualifiais de «mafiocratie», est organisée autour de «vieux parrains» selon le terme d'Alain Gresh, qui pendant la guerre n'étaient que «des mafias associées» (Fawwaz Traboulsi) réunies au sein d'«un véritable syndicat du crime opposé à la population civile» (Georges Corm). On peut logiquement déviner pourquoi cette bande de gentils humanistes acceptent à Taëf de déposer les armes: ils vont partager cette nouvelle forme de pouvoir avec le milliardaire Hariri et engranger de juteux bénéfices. Ce «pacte» est ainsi décrit par Charbel Nahas:
Entre-temps, ceux qui étaient les jeunes chefs passionnés et éloquents des années soixante dix sont devenus les représentants de leurs communautés respectives. L’occasion de se normaliser en une nouvelle classe politique régnant sur le pays était offerte. Si la guerre avait été légitimée par le changement, la paix des miliciens a trouvé sa légitimité dans la restauration et la re-construction. C’était d’autant plus évident qu’un homme charismatique, ambitieux et puissant était prêt à assumer la direction de l’entreprise en marchandant avec eux les bénéfices. [C'est moi qui souligne.]
[...]
Le politique, encore une fois a fait défaut, le cartel des anciens miliciens et des pétro-milliardaires n’a pas pu gérer l’État.
En clair, les anciens parrains mafieux n'acceptent la fin de la guerre que parce que cette nouvelle activité politique sera tout aussi (voire plus) rentable que la précédente.

J'ai déjà cité, dans «Une mafiocratie contre son peuple», ce passage dans lequel Georges Corm décrit les trois composantes de ce «cartel» qui, dès la fin de la guerre, va «gérer» le pays:
Trois groupes nouveaux sur la scène politique ont conjugué leurs efforts pour promouvoir l'idéal d'une reconstruction axée sur un retour du Liban à son ancienne fonction régionale, mais qui n'est que le retour en force du banal désir d'un pays «casino» et paradis fiscal régional, cher à l'ancienne couche dirigeante: les principaux chefs miliciens enrichis par tous les trafics de la guerre, les pillages et rançonnages de la population civile; les entrepreneurs de béton armé et les agents d'influence ayant fait des fortunes rapides et faciles dans les pays arabes exportateurs de pétrole durant les années du boom pétrolier; des intellectuels de l'ancienne mouvance laïque révolutionnaire arabe, reconvertis au néo-libéralisme international et aux théories de la modernisation par le marché mondial et la seule initiative privée. Pour ces derniers, certains d'entre eux ont, de plus, sagement retrouvé le chemin de leurs identités communautaires et travaillent à l'ombre de nouveaux entrepreneurs, millionnaires et milliardaires.

L'alliance de ces trois groupes représente une force considérable et tient le haut du pavé social et médiatique de la scène libanaise. Le nouveau chef du gouvernement [Rafic Hariri] est son ciment: il constitue une icône polarisant avec succès l'imaginaire qui a présidé à l'idéologie de la reconstruction. Il s'agit d'ailleurs d'une image que le modèle affirme et confirme en toute occasion.
Dans le billet sur la mafiocratie, j'expliquais les trois outils de la prédation (les trois sources de l'enrichissement sidérant des dirigeants et de leur entourage). Je reviendrai plus particulièrement dans le présent billet sur la dette et la rente qui en découle.

Le premier outil concerne le détournement de l'argent emprunté. On pourra relire mon billet, il évoque un vaste système de corruption généralisée. On se doute que, de ce côté, les généraux syriens se sont beaucoup servis; mais ils ne sont pas les seuls, loin de là, et ça n'est qu'un des aspects de la question.

Le second volet est l'idéologie de la reconstruction, qui va draîner les capitaux et servir d'alibi aux immenses détournements effectués. Charbel Nahas:
Il fallait reconstruire un passé devenu glorieux, c’était tout ce qu’il y avait à faire, évidemment. Car ce Liban du passé représentait, pour ceux qui s’en étaient estimés exclus et qui arrivaient alors au pouvoir, l’objet de leur convoitise, enfin accessible ; pour les autres, pour le commun des gens, traumatisés dans leur ensemble et déçus, pour ceux qui avaient espéré mieux, il avait depuis longtemps fini par représenter un moindre mal, une issue au moins connue, un souvenir devenu comparativement positif. Ainsi en étaient-ils venus, par des chemins différents, à le croire. C’est là à la fois l’illustration et la justification de la défaite que la guerre a fait subir à la société libanaise. Il n’y avait pas de choix à faire, il n’y avait même plus lieu de tenir des débats: tout appel à la rationalité dans l’analyse des faits nouveaux et passés et de leurs conséquences sur la situation objective du pays était repoussé. Tout avis, toute opinion, toute analyse des faits nouveaux et passés étaient catalogués comme une opposition, nécessairement malveillante, à cette évidence salutaire. La reconstruction avait bon dos. Le prix à payer n’était jamais assez élevé, de plus l’argent était disponible, à profusion. Ce qui a d’ailleurs coûté bien plus que la reconstruction elle-même, ce sont les compromis conclus autour d’elle, ou sous son couvert, et l’attraction d’un flux permanent de capitaux, excédentaires par rapport à ses besoins, mais de plus en plus nécessaires pour masquer, sous les apparences d’une consommation soutenue et ostentatoire, son échec économique et sa faillite financière prématurés.
La reconstruction est ainsi essentiellement un alibi. Qui connaît ce chiffre terrible livré par Charbel Nahas?
Sur sept ans [1993-1999], l’État a dépensé 50 000 milliards de Livres, soit près de 32 milliards de dollars. Il en a financé 42% par ses recettes et 58% par l’endettement. Contrairement à des opinions répandues, la part des investissements de reconstruction n’a guère été impressionnante, elle n’a pas dépassé 11,4% sur la période contre 34% pour les intérêts et 54% pour les dépenses courantes et les recettes publiques ont connu une croissance continue qui les a fait presque tripler.
11,4% des dépenses de l'État dans la reconstruction des années 90! Ce qui fait 3,6 milliards de dollars sur sept ans. Le coût de cette reconstruction est donc très limité, et n'est pas la cause de l'endettement: sur la période, les dépenses de reconstruction représentent environ le quart des recettes de l'État.

L'autre aspect scandaleux de la reconstruction est, évidemment, le fait que Hariri Premier-ministre passait des commandes somptuaires au principal industriel-bétonneur du pays: lui-même.

Le troisième volet du système de prédation est à mon avis le plus important et le plus méconnu du grand public: c'est le système de la dette. Si l'on considère habituellement l'aspect négatif de la dette publique (l'État doit rembourser ses emprunts augmentés des intérêts), il ne faut pas oublier que celui qui prête, lui, est rémunéré grâce aux intérêts. Si vous empruntez 100 dollars à 10% sur un an, l'année suivante vous remboursez 110 dollars; celui qui vous a prêté 100 dollars a gagné 10 dollars en un an. Lorsque l'État emprunte un milliard de dollars à, disons, 20%, celui qui lui prête cet argent gagne 200 millions de dollars.

Est-ce que ça rapporte? Oui, ça rapporte. Voici un tableau réalisé d'après les données de la Banque du Liban. Il affiche l'évolution du taux de rémunération des bonds du Trésor à 24 mois, qui représentent la forme principale des emprunts.


Comme on peut le constater, au début des années 1990, on atteint des taux absolument énormes, alors même que le pays n'est pas encore très endetté. Avec des taux d'intérêt supérieurs à 15%, atteignant ou dépassant parfois les 30%, il est facile de comprendre qu'acheter la dette du Liban était l'un des investissement les plus rentables du pays; et, évidemment, beaucoup plus rentable qu'un investissement dans un projet industriel classique.

On constate que les taux ont énormément baissé, par palliers: le système était tellement intenable aux taux de 1995 et 1996 que chacun a dû se montrer un peu plus raisonnable pour ne pas totalement tuer la poule aux œufs d'or.

Est-ce que cela devait forcément coûter si cher? La question se pose évidemment, puisque le discours politique a prétendu qu'il fallait reconstruire à n'importe quel prix et qu'il n'y avait pas d'autre choix que le recours à la dette. Cependant, nous avons vu que la reconstruction en elle-même représente une partie très faible des dépenses de l'État sur cette époque. Surtout, ces taux délirants sont dénoncés par Georges Corm:
La responsabilité de cet endettement est attribuable principalement au système monétaire mis en place par Rafic Hariri à partir de la fin de 1992, tel qu'il est géré par la Banque du Liban, à la tête de laquelle un homme nouveau a été placé, très proche du Premier ministre. Comme on l'a vu, ce système a été caractérisé par le très haut niveau des taux d'intérêts sur les bons du Trésor émis en livres libanaises, en dépit de la convertibilité totale de la livre et de la parité fixe qui la lie au dollar depuis la dévaluation de 1992. [...] [C'est] l'insuffisance des ressources fiscales, qui ne représentent que 13% ou 14% du PIB [...], ainsi que le niveau des taux d'intérêt qui a fluctué entre 20% et 42% durant cette période [qui est responsable du niveau d'endettement]. Le prélèvement opéré par le service de la dette publique sur l'économie atteint environ 14% à 15% du PIB, soit plus que le prélèvement fiscal lui-même.

En décembre 1998, avec une inflation proche de zéro, le taux nominal des bons du Trésor à deux ans atteint 16,6%, mais leur rendement réel est de 22,5%, grâce aux généreuses opérations de swap que pratique la Banque centrale au profit du système bancaire et des gros déposants libanais et arabes.
Dans un autre texte, «La situation économique du Liban et ses perspectives de développement dans la région», il donne un exemple chiffré très significatif:
[La dette] est passée de 1,7 milliards de dollars en 1992 à 32,5 milliards en octobre 2003. [...] Si la structure des taux d’intérêts au Liban avait été maintenue à un niveau naturel, proche de la structure des taux internationaux, le montant de la dette n’aurait pas dû dépasser la somme de 14 milliards de dollars.
Est-ce que cela représente un gros volume? Vous connaissez déjà la réponse: oui. La dette dépasse 40 milliards de dollars cette année. Voici son évolution (où l'on constatera, pour rappel, qu'il n'y avait pas de dette à la fin de la guerre civile):

On peut constater que la progression est quasiment linéaire. Je fais apparaître ici la répartition entre les emprunts internes (auprès des banques locales, en rouge) et externes (marchés étrangers, en bleu).

Cette répartition permet de répondre à une autre question: à qui appartient la dette du Liban? Qui est l'heureux bénéficiaire du «service de la dette», qui est grassement rémunéré par l'État libanais pour lui prêter de l'argent? Voici une autre présentation des données précédentes, le total étant ramené à 100%:


Comme on peut le constater, jusqu'en 2000, la dette était détenue à 80% par... des banques libanaises. Ça n'est que depuis 2002 que la tendance est nettement à la conversion de la dette interne vers les marchés étrangers, qui proposent des taux moins pénalisants. Mais à ce jour, «les Libanais» détiennent encore environ 50% de leur propre dette.

On remarquera bien sûr que, lors des «années fastes» pour les détenteurs de la dette (taux supérieurs à 20%), les braves citoyens qui prêtent ainsi de manière presque désintéressée à l'État libanais sont – comme ça tombe bien – des Libanais à 85%!

La valeur scientifique de la courbe suivante est très discutable, mais je la trouve très drôle: je me suis amusé à superposer la courbe des taux d'intérêt des bons du Trésor à 24 mois (en rouge) avec le pourcentage que représente la dette interne sur la dette totale (c'est-à-dire la participation des banques libanaises dans la dette globale du pays, en bleu).

À chaque point de taux d'intérêt supplémentaire correspondent cinq pourcents de Libanais en plus dans la composition de la dette. Je propose de baptiser cette loi empirique «la loi Nidal-Saniora».

Évoquée en début de ce billet, voici une courbe étonnante: c'est la progression des dépôts dans les banques libanaises:


La dette se finançant dans le secteur bancaire libanais, avec des taux de rémunération particulièrement avantageux, lier la progression de la dette et le développement des dépôts bancaires n'est pas totalement idiot. On obtient cette courbe:

Attention: ça n'est pas la superposition graphique des deux courbes qui permet de conclure à un lien de cause à effet; deux courbes linéaires se ressemblent forcément beaucoup, sans pour autant qu'elles soient liées par un lien logique. (Je préfère prévenir, même si c'est dans ce sens que va mon exposé...)

L'ensemble des actifs et passifs des banques libanaises s'élève à 321% du PIB (près de 65 milliards de dollars). Le rapport annuel des banques, qui révèle ce chiffre, souligne que ce chiffre est inhabituellement élevé, non seulement pour la région, mais aussi sur le plan international.

La dette pour la «reconstruction» est en réalité doublée d'un autre dispositif: le maintien de la dollarisation totale de l'économie libanaise (le taux de change de la livre libanaise est fixé 1500 LL pour 1 dollar US, sans aucune marge de manœuvre; c'est quasiment une monnaie virtuelle, une subdivision du dollar) en recourant à des mécanismes de rémunération extrêmement coûteux pour le Trésor, alors que ces incitations sont injustifiées (la livre étant alignée sur le dollar, on ne prend pas de risque fou en investissant dans la livre plutôt que dans le dollar). Là encore, Georges Corm chiffre à plusieurs milliards de dollars la perte pour l'État libanais. Mais, évidemment, de l'autre côté, les investisseurs ont été très bien rémunérés pour leur «soutien moral» à la monnaie nationale.

Dans une étude de mai 2005, Hassan Ayoub et Marc Raffinot, moins «politiques» que Georges Corm, indiquent pour leur part:
La stabilité du taux de change depuis le début des années quatre-vingt dix écarte le risque de renchérissement du remboursement de la dette publique externe. Cependant elle se répercute sur la compétitivité des produits libanais. Afin de stabiliser le cours de la monnaie nationale et de lutter contre l’inflation, la Banque du Liban a eu essentiellement recours à une politique des taux d’intérêt réels positifs et élevés. Elle vise également à lutter contre la dollarisation de l’économie libanaise (encouragement à la conversion des dépôts vers la Livre libanaise LL) et à attirer des capitaux étrangers. Cependant, des taux d’intérêt trop élevés sur les bons du trésor canalisent l’essentiel de la liquidité vers le secteur public, au détriment du secteur privé («effet d’éviction»).

En outre, il est nécessaire de préciser que cette propension des banques à accorder des crédits en L.L. au secteur public plutôt qu’au secteur privé résulte également des réticences des entreprises et des particuliers à emprunter en L.L. à un taux d’intérêt très élevé comparativement à l’emprunt en dollars. Cet état de fait compromet incontestablement la contribution du système financier au financement de l’économie nationale. Et il pose la question de sa viabilité.
Bref, le coût de la dette a été gonflé par les politiques économiques et monétaires des deux périodes dirigées par Rafiq Hariri, et cela dans des proportions ahurissantes au début des années 1990. Est-ce simplement la faute à pas de chance? Ou faut-il prendre pour réponse cette phrase énigmatique de Charvel Nahas:
La répétition des tragédies ne doit-elle pas suggérer qu’elles ont lieu, non pas du fait d’un complot interminable et malgré la volonté des protagonistes locaux, mais au contraire du fait de leur volonté profonde. Encore faut-il pouvoir la déchiffrer et la révéler.
Car nous le verrons plus tard, l'explosion de la dette n'est pas la première «tragédie» économique qui, en ruinant la population libanaise, enrichit considérablement une petite élite.

De façon à créer cette dette, il faut aussi noter que les déficits budgétaires étaient constants, avec une faiblesse assez sidérante des rentrées fiscales. Georges Corm:
Pour compléter ce tableau des politiques de la reconstruction, il faut mentionner le fait qu’en 1994, le gouvernement abaisse drastiquement le niveau de l’impôt sur le revenu dont la progressivité est ramenée de 2% à 10%, cependant que les revenus du capital ne sont taxés qu’à 5%, que les plus values foncières et financières sont exonérées et que la retenue à la source sur les intérêts des dépôts bancaires ou les intérêts sur la dette en livre sont exonérés de tout impôt. À la différence de ce qui se fait après toutes les guerres, aucun prélèvement fiscal ou quasi-fiscal exceptionnel n’a été opéré par l’État à la fin de la guerre pour permettre de faire face aux charges exceptionnelles que cette dernière entraîne au titre de la reconstruction des infrastructures publiques, des capacités de production du secteur privé, des pensions à verser aux victimes de guerre.
La tranche maximale d'imposition ne passe à 20% qu'en 1999, et la TVA n'est introduite qu'au début des années 2000.

Faut-il s'étonner que le généreux Rafiq Hariri n'aide pas que ses amis. Il s'aide aussi lui-même: la famille Hariri est l'heureuse propriétaire du Groupe Méditerranée, qui compte quatre banques – la Banque de la Méditerranée, la Saudi Lebanese Bank, la Allied Bank et la Banque de la Méditerranée Suisse. Fouad Sanioura, qui était le ministre des finances de Rafiq Hariri pendant toutes ces glorieuses années de creusement de la dette, dirigeait ce groupe bancaire. Il est par ailleurs membre du conseil d'administration de la Arab Bank. Depuis qu'il est Premier ministre, il est remplacé par Mohammed Ahmed Moukhtar Hariri à la tête du groupe Méditerranée.

Résumé des épisodes précédents. L'État libanais, dont le Premier ministre est Rafiq Hariri, passe commande pour de pharaoniques travaux de «reconstruction». Le prestataire de ces travaux, qui surfacture allègrement, est l'entrepreneur du BTP Rafiq Hariri. L'État libanais décide d'emprunter de l'argent pour payer ces travaux; pour cela, il rémunère à des taux extravagants le secteur bancaire libanais, dont un des fleurons est le groupe bancaire de Rafiq Hariri. Enfin, pour être certain que l'État libanais sera obligé de s'endetter, le Premier ministre Rafiq Hariri décide qu'il ne paiera lui-même pas plus de 10% d'impôts sur le revenu, et que ses bénéfices industriels et bancaires seront quasiment exemptés d'impôt.

Est-ce que ça n'est pas génial?

Bien sûr, autour de Rafiq Hariri gravite toute une nomenclature politico-affairiste qui profite également du système. Et, rappelons-le encore une fois, le ministre de l'Économie qui a réalisé ces exploits était Fouad Sanioura.

J'invite vraiment le lecteur à consulter l'étude de Charbel Nahas, déjà cité, c'est tout à fait passionnant. Parmi les multiples éléments donnant à réfléchir, il y a en début de texte un exposé de «Repères de l'histoire financière». On verra que des événements économiques que l'immense majorité des Libanais considèrent comme des catastrophes personnelles (et nationales) étaient, déjà, une bonne affaire pour quelques uns.

Ainsi de la terrible chute de la Livre:
L’effondrement de l’État libanais en 1984-1985 a été rapidement suivi de l’effondrement de la monnaie nationale. Les causes habituellement invoquées (déficits publics et achats d’armes) pour expliquer cet effondrement ne sont pas pleinement convaincantes, le niveau de couverture de la masse monétaire en livres restait tout à fait honorable et la masse des déposants n’avait pas encore acquis le réflexe dollar. Les sorties de capitaux, dont ceux rentrés en masse durant les deux années précédentes, y sont certainement pour beaucoup. La crise de liquidité a trouvé un exutoire commode dans la dégringolade de la Livre. Elle a permis d’éponger les déficits et les pertes accumulés, ce qui a sauvé le secteur financier d’une crise grave. Les transferts de richesse qui se sont opérés à cette occasion ont été massifs. De larges couches de la population ne s’en relèveront pas.

[...]
En 1992, et suite à des soubresauts sur le marché des changes qui ont fait passer le cours de la Livre de 840 Livres pour un dollar à près du double, une nouvelle phase s’est ouverte. Une manipulation financière majeure, dont les preuves directes ne sont pas accessibles mais qui est clairement repérable à travers les indicateurs indirects disponibles, a permis d’amplifier, dans un deuxième temps, la dévaluation de la Livre pour pouvoir ensuite la stabiliser à partir d’un cours notoirement inférieur et avec des niveaux d’intérêts notoirement supérieurs à l’équilibre du marché. Ainsi dopée, la stabilisation de la Livre permettait de claironner une victoire éclatante en l’attribuant à un sursaut de confiance en Rafiq Hariri, elle permettait aussi d’engranger des profits considérables au détriment du Trésor public, l’afflux des capitaux ainsi attirés permettait enfin de lancer un train inaccoutumé de dépenses publiques.

[...]

En septembre 1995, [...] une flambée généreuse des intérêts longs a pu appâter les banques et attirer le placement de capitaux flottants qui, au prix d’un déficit budgétaire record et d’un alourdissement de la dette publique, a permis de trouver un sursis au système.

Au début de 1997, la situation de 1995 se reproduisait point par point, mais à des niveaux plus graves. D’autant plus que les indicateurs macro-économiques ne permettaient plus de continuer sur la lancée et l’année 1998 devait être une année d’austérité pour répondre aux pressions fermes mais discrètes des instances internationales. Il n’était plus possible de continuer suivant les mêmes techniques. Il fallait innover. C’est ce qui fut fait.

L’apparence du jeu a été conservée mais la configuration des joueurs a changé. Les banques libanaises, ou du moins la plupart d’entre elles, ont consenti, contre des avantages considérables en termes de bénéfices, à assumer le risque croissant de l’Etat, non plus en Livres et aux frais des déposants, mais en vrais dollars, elles acceptaient de se placer en première ligne en cas de crise. [...] Cela a permis au jeu dollar-livre de continuer à assurer au Trésor le financement de ses besoins croissants, et aux détenteurs de capitaux des rémunérations réelles alléchantes, face à un risque techniquement limité.

L'ensemble du texte de Charbel Nahas est très intéressant, souvent technique. Le système de prédation sur l'économie libanaise réalisée par sa classe dirigeante est décrit en conclusion, comme «une spécificité dont l'intérêt est d'être générique»:

Le Liban est progressivement entré dans une économie où la domination revient à la rente. Mais la rente, étant par nature une relation parasitaire, ne constitue pas un mode de production ou un système économique. Elle correspond en réalité à un mode de pouvoir, elle est même probablement le plus ancien et le mieux enraciné des modes de pouvoir.
Voilà qui nous servira de conclusion.

29 commentaires:

Anonyme a dit…

Tres bonne analyse, meme si elle est faite de beaucoup de Copier / Coller.

Je suis d'accord sur les aspects suivants:

- L'aspect le plus scandaleux de la reconstruction de l'apres guerre est le cout exorbitant en raion des taux d'interets trop eleves. Il y a beaucoup de gens que la devalutaion a appauvri, mais d'autres mons nombreux que les taux d'interest ont rendu riches. Parmi ces gens la tous ceux qui avaient une capacite d'epargne et dont les depots pour une raison ou une autre etaient en Devises. Ils ont converti leurs Devises apres la stabilistaion en Livres Libanaises et ils ont investi dans les bons du Tresor. Les banques avaient bien compris le mechanisme -et tes courbes l'illustrent tres bien- se sont scandaleusement enrichies,

- Les niveaux de taxation au Liban sont scandaleux: C'est l'absence d'un veritable systeme d'impostion qui saute aux yeux. A titre pesonnel, en debarquant au Liban en tant que resident etranger, je m'estimais tres heureux pendant toute la duree de mon sejour, car je ne payais pas grand chose bien que je decalrais tous mes revenus le plus strictement du monde. Cela favorise les riches a gros revenus au detriment des pauvres qui payent les 10% de TVA. Mais, vue la nature de l'economie libanaise de services, beaucoup de professions (categories moyennes) en beneficient pleinement. Je pense aux medecins, plethoriques au Liban, aux avocats, aux prestataires de service dont le controle des revnus est quasiment impossible.

- Les taux d'interts eleves ont favorise l'epargne en bons du tresor au detriment des activites productives. Il devenait beaucoup plus rentable de donner son argent a l'Etat pour qu'il paye sa plethore de fonctionnaires et le service de la dette que d'investir dans des activites productives. Cela explique le fait que le tisssu industriel libanais ait quasiment disparu.

- La rente: L'economie libanaise a toujours ete une economie de rente depuis les annees 50 et elle a ete le principal beneficiare de la rente petroliere en dehors des pays du Golfe. Cela a cree une classe de rentiers qui va lutter au prix de guerres civiles decalrees ou larvees pour le controle de cette rente via le pouvoir.

Avec la guerre de l'ete dernier, toute la classe dirigeante corrompue- toute tendances confondues majorite et opposition- a senti venir Paris III; elle a commence a se preparer pour le partage des gateaux. Ma theorie sur les derniers soubrsauts au Liban, c'est que ayant vu venir les aides, tout le monde est sur le pied de guerre pour le partage. Alors on cree les mini gueguerres civiles, meme au risque de provoquer l'explosion.

Les facteurs etrangers viennent se greffer sur un corps malade et la lutte d'influence trouve un echo dans les luttes de clans libanais. Je n'ai jamais cru a la fameuse phrase "guerre des autres sur le sol libanais". J'ai toujours pense que les leaders libanais avaient tous des attaches etrangeres et des interets et qu'au besoin ils font intervenir l'etranger pour defendre leur soit disante cause. Ainsi, on a vu Israel et les occidentaux intervenir avec les Kataeb et les FL, l'Arabie aussi intervenant contre les islamo-progressistes, la Syrie tantot avec les uns, tanatot avec les autres, Saddam intervenir dans la guerre contre les syriens aupres de Aoun, la Lybie... Les palestiniens dans cette affaire avaient bien compris et le plus grand corrupteur n'etait autre qu'Arafat qui dispensait les subsides de l'OLP a beaucoup de soit disant "Zaamat" pour s'assurer de leurs soutien ou de leur bienveillance.

Je dois ajouter pour etre juste et moderer les propos de Nidal, qu'il n' y a pas que le clan Hariri qui a beneficie de cette situation. Il y a eu un veritable partage organise entre les differents protagonistes: A Hariri et ses proches le BTP, la Sukleen et les telecommunications, a Joumbalt le budget des deplaces et le ciment, a Berry les fonds du conseil du sud, Michel Al Murr a la Defense...

Le systeme mafieux est bien organise: au centre le dirigeant de la communaute; autour de lui ses sponsors hommse d'affaires et principaux soutiens qui recoltent a tarvers les transactions et pour faire bien on lance les miettes a la clientele (clientelisme politique)qui constitue la machine votante. Ajoute a cela les interventions pour obtenir un job, un permis de construire...

Tout les elites dirigeantes de l'apres guerre en ont profitees dans toutes les confessions et jusqu'au Hezbollah.

PS: J'attends toujours que tu peublies ce que je t'ai ecrit sur le post precedent. Si tu censures ectte fois, c'est que cc'est vraiment sans espoir avec toi.

Sophia a dit…

Nidal,
C'est une excellente analyse. Avec votre permission, je vais en traduire les points essentiels pour mon blog en Anglais. Le problème avec ce genre d'information c'est qu'elle reste cachée et non accessible au commun des mortels.

Anonyme a dit…

Je voudrais juste ajouter quelques elements que je n'ai pas cites auparavant:

Quand on parle de systeme mafieux, cela englobe l'ensemble des elites qui ont participe au pouvoir au moins depuis 1990. Il se trouve que certains d'entre eelles se sont retrouvees un certain temps dans l'opposition, puis dans le gouvernement; cependant elles ont toutes a un moment ou autre ete aux commandes du pays. Ceux qui critquent le gouvernement ont eu a un moment ou un autre des responsabilites au sein d'autres gouvernements. Le gouvernement actuel est le prolongement des precedents gouvernements Hariri, donc, il ne peut en aucune maniere ne pas en assumer la responsabilite des choix econoimques precedents. Il ne peut pas non plus se presenter au pays comme le sauveur au chevet du malade. Ce sont ses politiques qui ont amene le pays a la catstrophe.

La question que posent legitimement tous les libanais, c'est peut ont sortir? et comment?

comme le montre tres bien l'ensemble de l'analyse, c'est que le Liban n'est pas un pays en faillite, c'est l'Etat qui est en faillite et qui s'enfonce chaque jour d'avantage.

Il faudrait un miracle pour l'en sortir s'il n'y a pas un accord politique et une redefinition des politiques economiques et sociales. L'accord politqiue parait quasiment impossible, ou si il est obtenu, il le sera au prix de marcahndages qui reproduiront le systeme de partage de la rente et donc un nouveau partage du pouvoir politique. Chaque clan demandera sa part de gateau et aura une part selon les rapports de forces du moment.

Les politiques economiques sont diffcilement concevabales en l'absence d'une vision de long terme et du risque politque tres eleve. Comme l'ete dernier, Israel peut encore mener la guerre au Liban et detruire l'infrastructure, les usines, ce qui n'encourage guere la confiance dans l'avenir du Liban. Les relations avec la Syrie sont aussi viatles pour l'economie du Liban. N'imoprte quelle deterioration de la relation avec la Syrie risque d'asphyxier le Liban...

Le choix des secteurs a fort potentiel de developpement est tres difficile en raison de ces incertitudes. Pour l'heure, seuls la speculation immobiliere et le secteur bancaire ont attire les investisseurs, mais cela ne permet pas de remettre en l'etat le tissus industriel et amorcer la pompe d'une quelconque industrie. Reste alors le secteur des services qui est tres vulnerable a n'imoprte quel soubrsaut et on l'a vu l'ete dernier avec les deprats en catastrophe des touristes et les annulations. Le tourisme est non seulement tres sensible aux chocs politiques, il est aussi une industrie qui favorise des phenomenes tres negatifs pour l'economie et la societe (speculation immobiliere, gaspillage d'eau, pollution...prostitution). Le seul secteur qui a l'air de bien tirer son epingle du jeu est le secteur financier. Mais son developpement reste handicape par le surplus relativement limite que peut degager l'economie reelle libanaise. Il est aussi soumis a la concurrence des autres places financieres de Bahrain, Dubai et Qatar. Et pour finir, meme le secret bancaire, n'a plus son avanatge comparatif d'anatn; puisque depuis le 11 septembre, les banques sont beaucoup plus controlees et le secret bancaire tend a se limiter. Et puis, il n' ya aplus les taux d'inteteret pratiques il y a 10 ou 15 ans!

Alors, seule une refondation s'impose qui commence par la renegotiation des fondements de l'Etat de maniere a ce qu'il soit place hors des interets cleintelistes et/ou confessionnels.

Si le budget de l'Etat (Titre 1) n'est pas en mesure de degager un surplus pour l'investissement, le Liban s'enfoncera encore et encore dans la dette. Une remise a plat du systeme d'imposition est incontourbnable de maniere a tendre vers un systeme plus juste et qui puisse rapporter a l'Eat les moyens de son existence.

La dolarisation de l'economie etant la plaie du systeme financier, il faudra d'une manioer ou d'une autre la reduire drastiquement et penser serieusement au taux de change d ela Livre Libanaise qui si elle n'est pas devaluee ne fera qu'aggarver les deficits.

Mais toute politqiue economique ne connaitra un debut de reussite que si le volet social est pris tres au serieux de maniere a reformer la sante pour la democratiser; eformer les systemes sociaux (CNSS); metttre en place finalement un vrai systeme de retraite. L'education avait malheureusement etait delaissee au secteur prive qui joue comme un filtre social de maniere a permettre aux classes riches ou moyennes -ou ce qu'il en reste- de se reproduire a l'identique.

Il est vai que cela fait beaucoup de contraintes, mais le Liban est condamne a trouver des reponses a toutes ces question s'il veut eviter d'etre en cessation de paiment.

Paris III pris dans l'absolu est une bouffee d'oxgene qui ne resoud pas les problemes structurels de l'economie libanaise. Il n'offre que des palliatifs a court et moyen terme(reechelonnement et aides). Jusqu'a quand le peuple libanais va continuer a sollicter l'aide d'autrui? surtout que l'ami Chirac est sur le point de partir et que les prix du petrole sont a la baisse

Ms Levantine a dit…

Tres bon article, un peu trop long quand meme. J'imagine que les statistiques choisies refletent le point de vue de l'auteur, et qu'une autre etude produirait des chiffres differents, mais il n'en reste pas moins que l'economie libanaise a ete particulierement mal geree depuis 1992. Et geree au benefice de notre nouvelle elite.

La nouvelle opposition composee d'incorruptibles, n'a pas de programe economique a moitie serieux, et attend de prendre le pouvoir pour perpetuer le systeme, mais au profit de leur propre clique.

Nous ne sommes donc pas sortis de l'auberge. Il reste a esperer qu'il y ait au moins un debat economique, sur les blogs et dans la presse pour commencer.

Unknown a dit…

Appel du Parti communiste libanais

Une fois de plus, le Liban vit, une fois de plus, le cauchemar d’une éventuelle guerre civile qui menace les citoyens, les jeunes et les pauvres, surtout, qui vont en payer le prix de leur sang, de leur avenir et de l’entité de leur pays.Une fois de plus, le régime politique reproduit les circonstances de la guerre civile(...)

suite sur : http://www.antigone-net.net


http://www.antigone-net.net/index.php?option=com_content&task=view&id=203&Itemid=9

Anonyme a dit…

Je recommande la lecture d'un article et d'une interview de Mouna Naim dans "Le Monde"
http://www.lemonde.fr/web/articl...6- 861337,0.html


http://www.lemonde.fr/web/articl...6- 860878,0.html

Je voudrais ajouter un commentaire -a ce qu'a dit antigonet- commentaire que j'ai envoye a un ami libanis ce matin :

"Quant a la guerre civile au Liban, elle n'a abouti a rien: ni vainqueur, ni vaincu, 144 000 morts, 200 000 blesses et des milliers de disparus et de prisonniers... Mais malgre cela, les libanais n'ont rien appris, enfermes dans la petitesse confessionnelle. Ont-ils appris quelque chose? pas vraiment, a voir les images de Jeudi dernier. Les anciennes generations transmettent a la jeune generation la haine du musulman, du maronite, du shiite, du sunnite, du kurde...; et toute la soit disante entente nationale, n'est qu'une facade. Les libanais sont malades de leur classe politique de criminels de guerre et/ou affairistes et de leur petite confessionnelle. Penadnt ce temps, la seule chose qui les derange, c'est de ne pouvoir se pavaner dans le down town occupe par une bande de "rastaquiere" haineux et manipules. Mais ils ne sont pas les seuls: aux uns les medias "langue de bois" de la resistance et la haine cathodique de hussaniat Al Manar; aux autres le poison de la chaine Hariri avec ses belles creatures et son eternel nieme jour et letanie de regrets, de deuil et requiem pour le martyr Rafic... dans quelques decennies, on aura les defiles de deuil du 3achoura et ceux du 14 Fevrier. La paix arrivera quant 3achoura tombera un 14 fevrier! cad dans pas moins de 32 ans ou quand les meres cesseront d'allaiter la haine."

Sophia a dit…

Chakazoulou,

Permettez moi de vous dire qu'il n'y a pas une seule goutte de haine au Liban,chez le peuple. Il y a seulement quelques fanatiques qui savent manipuler les esprits faibles. Des esprits faibles, oui, il y en a...des gens qui ne peuvent pas se faire un jugement pour eux-même, il faut le leur préfabriquer. Même au milieu de la guerre civile il n'y avait pas de haine, il y avait de la folie, de la bêtise, tout ce que tu veux, mais pas de la haine.
Les libanais ont une mentalité d'inféodés et ils ne savent pas penser sans leurs chefs féodaux, c'est cela leur problème réel... Mias si demain le chef leur dit vous allez aimer les muslumans ou les chrétiens ou n'importe qui, ils vont le faire... Bêêêê

Anonyme a dit…

Mon Liban,

Ton idole n'a malheureusement qu'une idee en tete, c'est d'etre le President. Apres tout, c'est son droit; mais pas au point de faire une autre guerre comme celle qu'il a deja perdue contre les syriens. Maintenant, il est pret a aller au casse pipe avec les meilleurs amis des syriens. Trouves tu cela logique? Excuses moi de te dire, si c'est cela ta logique, tu es a cataloguer parmi ceux que Sophia qualifie de moutons de panurge sans les nommer. Allons mon ami, un peu d'independance d'esprit.

De Quoi crois tu que to idole vit? de l'air et de l'eau fraiches? Qui lui a donne sa villa a Rabia? qui le sponsorise? Qui va faire reussir l'IPO de "O TV"? Personne n'est clean en politique, surtout au Liban. N'a t-il pas ete finance totalement par Saddam quand il combattait les syriens? Il n'y a meme pas besoin de faire la preuve de mes allegatrions, elles sont dans le domaine public.

Je te demande de regarder le dernier episode du documentaire d'Al Jazira sur la guerre du Liban, ca va t'edifier.

http://video.google.com/videoplay?docid=6008483000654356937

Sophia: navre de dire que ce que tu dis n'est qu'a moitie vrai. Il y a bel et bien de l'anemosite ou des prejuges -si on ne veut pas parler de haine- qu'on chereche a cacher pendant les periodes de paix, mais qui n'attendent que l'occasion de s'exprimer; et la semaine derniere les jeunes etudiants qui sont censes etre l'avenir du pays se sont exprimes.

Ne pose t-on pas toujours la question: "mnine anta?" d'ou tu es ou quelle region? avant de s'engager dans une relation serieuse avec quelqu'un. C'est le debut de la differenciation et donc du "cataloguage"

Pendant les 5 annees que j'ai vecues au Liban, j'ai ete le temoin de quelques commentaires -pas tres sympathiques- sur les differentes communautes. La jeune generation est moins laique que celle que j'ai connue dans le temps; et cela est normal, elle est nee pendant la guerre et grandi avec ce que ceux qui en etaient les protgonistes ou les specateurs passifs lui ont transmise.

Il n' y jamais eu un veritable travail de memoire qui aurait permis une remise en cause, une autocritique et un jugement des principaux protagonistes. On a vite enterre la guerre, intronise les chefs de milices ministres et President du parlement. Tout ce beau monde s'est mis d'accord pour se partager les fonds de la reconstruction. Les seuls qui n'ont pas profite, ce sont Aoun et Geagea. C'est pour cela qu'Aoun veut sa part maintenant et au comptant.

Cordialement

Anonyme a dit…

Des deux longues interventions de chakazoulou, je me dois de dire qu'elles traduisent une observation très attentive des problèmes économiques du Liban, ainsi que des problèmes sociaux qui s'y associent étroitement (répartition et redistribution des richesses par exemple), et qu'elles sont solidement argumentées.

J'aimerais réagir spontanément à une phrase qui m'a plus particulièrement frappé.

Choukouzoula écrit : «le Liban n'est pas un pays en faillite, c'est l'Etat qui est en faillite et qui s'enfonce chaque jour d'avantage».

Je me dis que l'État est bel et bien en faillite. Et qu'on peut, sans grand risque de se tromper, affirmer qu'on (Rafik Hariri?) a voulu sciemment le mettre en faillite pour consacrer sa dépendance, et le forcer à accepter l'inacceptable pour les deux tiers du pays et l'inavouable pour le troisième tiers. C'est-à-dire la renonciation au Droit au Retour des Palestiniens chez eux et, conséquemment, l'implantation au Liban de ceux qui s'y trouvent déjà. Plus, probablement, ceux qui viendraient à «quitter» la Cisjordanie et Gaza.

«Quitter» parce que tout le monde sait bien évidemment qu'Israël ne pratique pas le nettoyage ethnique.

J'ajouterais que, comme le démontre très bien Nidal, ceux des Libanais qui ne sont pas en faillite représentent tout au plus entre 5 et 10% de la population auxquels ont peut ajouter les éléments parasitaires qui quêtent les prébendes autour d'eux comme choukouzoula le décrit très bien.

Les autres croupissent dans une misère anonyme (Sud, Nord, Békaa), émigrent ou s'apprêtent à émigrer.

Anonyme a dit…

Byblos,

Je crois qu'il faut se remttre dans le contexte de l'apres "Accords d'Oslo". Tout le monde etait persuade -y compris chez ceux qui etaient contre ses accords- que la paix allait s'installer pour de bon et que l'economier allait boomer. J'en veux pour preuve hors du Liban, la construction d'hotels a Amman et le lancement de projets.

Je ne pense pas que Hariri soit machiavelique a ce point. Il n'en avait pas besoin. Il avait une vision d'entreprenueur: On selectionne les projets, on les fait financer par un tierce partie et ou utilise le leverage pour aller de l'avant et rembourser. Ce n'est pas un tort. Il faut sortir de la logique de la critqiue "tout azimuts" pour etre plus constructif. Il n' y a pas une verite, mais des verites. Beaucoup de choses ont ete faites - a cout tres eleve- au Liban par Hariri. Mais derriere Hariri, il ne faut jamais perdre de vue qu'il y avait l' Arabie soucieuse de conserver le Liban dans l'espace arabe et la Franceet les USA pour lesquels il etait le seul interlocuteur valable et credible.

Pour ce qui est des palestiniens, il faudrait qu'une fois pour toutes arreter de se mentir a soi-meme. Ils sont au Liban pour toujours et leurs chances de retour sont quasiment nulles. Si on n'a pas compris ca, on restera longtemps a repeter nos slogans creux d'antan. La seule solution serait de les considerer pour toujours -donc la descendence- des residents etrangers avec un statut priviligie (acces a l'univesite libanaise, renouvellement automatique des permis de residence, acces a toutes les professions -sauf a la limite la fonction publique, l'armee et la police-). Ceci ameliorera notablement leur situation et finira de les extraire des groupuscules activistes.

Salam

Anonyme a dit…

merci mon Liban,

Voilà une intervention que je soutien à 100%, mais n'éspères pas cependant redonner raison a chakazoulou. Il appartient à ces Libanais qui ne croient plus en rien et qui suggèrent allégrement de baisser les bras.
Pour seul politique durable ces libanais nous recommandes de choisir le mal pour éviter un eventuel pire.
Je propose donc à chakazoulou de laisser faire ceux qui ont encore de l'éspoir.

Amicalement, 3antar

Anonyme a dit…

Messieurs Mon Liban / Antar

J'avais cru qu'on parlait entre gens bien eleves. Je ne tiens pas a repondre point par point. Je n'ai pas de partie pris, mais comme vous ne lisez pas tout, vous n'avez strictement pas compris. Je suis helas diffcile a ctalaoguer pour vous... Il suffit de lire l'integralite de mes posts pour le comprendre. Je ne suis ni dans votre opposition, encore moins supporter de votre gouvernement, et cela pour une raison simple, je ne suis meme pas libanais, mais mahgrebin. C'est vrai que mes ecrits peuvent induire en erreur, mais j'ai connu le Liban suffisament de l'exterieur pendant et apres la guerre et y ai vecu apres de longues annees qui m'ont permis de connaitre le pays.

Je n'ai pas de haine pour qui que ce soit, encore moins pour Aoun pour lequel vous faites un bon porte voix. Quand le Hezbollah resistait heroiquement a Israel, je le soutenais; mais cela ne me prive de ma liberte et capacite de critique.

Que Aoun se soit allie au Hezbollah, cela est son droit; mais permettez moi de vous dire qu'en termes d'alliances opportunistes on ne fait pas mieux. D'ailleurs l'alliance de Geagea, Joumbaltt et Hariri n'est guere mieux.

Pour ce qui est du financment du CPL, si vous croyez que ce sont les bouteilles d'eau avec les bouchons oranges qui financent... c'est que vous etes tres optimistes. Mais la n'est point le probleme, au Liban tous les "politques" se font financer et vievent sur les subsides de leurs sponsors saoudiens, americains, iraniens...Aoun n'a t-il pas recu 50 millions de dollars des iraniens au moment de demarrer l'IPO d'"O TV"?

Cordialement

NB: tant que je ne suis pas censure, vous me lirez Mr. Antar; mais vous avez cependant le choix de ne pas le faire; c'est cela la liberte.

Anonyme a dit…

Aun sujet du Droit des Palestiniens au retour chez eux, je dirais à chakazoulou que

1- Si cette question est réglée, pourquoi ce gouvernement ainsi que les factions politiques qui l'appuient ne le disent pas clairement? Ainsi, chaque citoyen saurait en clair à quelle enseigne chaque politicard loge. C'est exactement ce silence autour de «l'inavouable» qui doit être dénoncé.

2- En ce qui concerne de nombreux Libanais et j'en suis- cette question n'est absolument pas réglée. Ceux des Français qui lisent ce blog, et qui ont certainement de la mémoire, se souviendront qu'en 1940, ceux qui estimaient définitive la victoire d'Hitler sont devenus des «collabos». Et ceux qui pensaient qu'il n'y a rien de définitif dans l'Histoire, qu'elle se construit au quotidien, sont devenus des «Résistants».

Toutes proportions gardées, les Libanais -et plus généralement les Arabes- en sont là aujourd'hui.

Anonyme a dit…

Mille merci Nidal pour ton blog, et merci aussi pour les autres précisions de ceux qui commentent l'article ...
Au final, pour résumer, les neo-conservateurs libanais (14 Mars) ont plongé le Liban dans la même situation que l'Argentine ...
Si les nouvelles réformes ultra-libérales de Siniora passent, le Liban n'aura plus finalement d'autre choix que d'être rattaché à la Syrie pour pouvoir peut être, être sauver de la banqueroute economique, à moins que le Liban deviennent à ce moment un trop gros boulet contraignant ...

Anonyme a dit…

Cher chakazoulou,

J'aimerais à mon tour te répondre très brièvement et pour ma part point par point si bien sûr tu n'y vois pas d'inconvénient.
Comme tu le dis si bien rien ne t'obliges à lire si inconvénient tu y vois.

-Mon éducation n'est en aucune manière à remettre en cause donc cher chakazoulou tu aurais dû te fier à ta première impression. Oui nous sommes bien entre gens bien élevés.

-J'ai malgré ce que tu en penses lu tout tes posts.

-J'ai très bien compris que tu ne soutiens ni à l'opposition ni le gouvernement.

-L'alliance entre Aoun et le hezb n'en ai pas une. Comme sont nom l'indique c'est une entente. De plus une alliance entre deux partis qui ont la même vision patriotique à un instant donné me semble relativement cohérent(le clivage gauche droite n'a pas grande valeur, au Liban rien ou presque n'est contre nature). Tu as bien en face un voleur (droite) allié à deux assassins (extrême droite, gauche) dans le but de dépouiller le Liban.

-Tous les parties à travers le monde ont leurs financement occulte ou pas. Ceci dit si tu avais une réelle idée de l'identité de Michel Aoun tu saurais que contrairement à ses opposants il ne peut avoir accepté de financement lui liant les mains.

-Pour finir je tenais à te remercier pour ton petit cours sur la liberté.

Ca fait beaucoup.
Dans un seul et même post tu trouve le moyen de remettre en cause notre éducation et notre sens de la liberté.

Anonyme a dit…

Salam tout le monde !
Pouvez vous m’éclairer un peu ?! Nombre d’amis libanais m’ont confirmé que Mr Fouad Siniora est le seul à ne pas avoir fait fortune sur le dos du Liban et qu’il a toujours su grader les mains « propres ».

Anonyme a dit…

Mr sanioura été le bras droit de Harriri qui lui à tous sauf des mains propres (financièrement).

Quand tu couvres un voleur et que tu partage les dividendes de ce dis vol ne serait ce qu'à 1% tu devient aussi un voleur.

J'ajouterais que sanioura est soutenu et placé au poste de premier ministre par la seul volontée de la famille Harriri.

Donc a la limite qu'il ai les mains propres ou pas tout le monde s'en fout il recoit ses directives du parti de la famille Harriri (future).

Relis l'article concernant la dette et saches qu'il était ministre des finances durant la période de ses détournements .

Voilà chahid, au plaisir et ne crois pas ce que l'on te dit mais renseignes toi d'un côté puis de l'autre et fait toi une opinion

Anonyme a dit…

Très franchement, je crois que Chakazoulou - dont j'ai aussi lu tous les posts ou presque - est un brave type, mais il donne un peu l'impression de raisonner ainsi: "tous ce qui est chiite ou chrétien activiste est mauvais et veut la peau des pauvres sunnites; tout ce qui est sunnite... oui, bon, il y a aussi des escrocs et des salauds parmi eux, mais un salaud sunnite vaut toujours mieux qu'un salaud chrétien ou chiite... parce qu'il est sunnite."

Bon, il est légitime pour les sunnites d'être inquiets de l'évolution de la situation, mais ce n'est pas ainsi qu'on vaincra le spectre de la haine communautaire et de la peur de l'autre. C'est cette haine et cette peur qui sont notre pire ennemi à tous et c'est elles qu'il faut vaincre en premier.

Anonyme a dit…

Les deux derniers posts m'ont inspiré les réflexions suivantes :

1- Concernant Fouad Siniora, outre le fait qu'il était, qu'il est toujours, le factotum de la famille Hariri, et qu'on ne garde pas longtemps les mains propres dans ce métier, il me revient à l'esprit le vague souvenir d'une fuite des pousuites judiciaires dans le coffre de la voiture de Rafik Hariri, ce qui n'est pas une posture tout à fait convenable pour qui prétend diriger un gouvernement libanais.

2- Beaucoup de politocards de la vieille école essayent par toutes sortes de rumeurs et autres moyens tordus de nous conforter dans l'idée que le conflit qui se joue est confessionnel.

Si, sur les plans régional et international, un nombre impressionnant de gouvernements «amis» et ennemi surfent sur nos conflits internes, le fondement réel de ces conflits est loin d'être exclusivement confessionnel.

Il existe un conflit régional entre Beyrouth (entendre par là la place commerciale) et ce qui gravite et parasite autour d'elle, et les régions (Sud, Nord, Békaa et Mont Liban non parasitaire).

De ce conflit régional découle un conflit politique entre une conception de l'économie basée sur la rente, la spéculation, un tourisme de prédateurs et le blanchiment bancaire de l'argent sale, et la conception d'une économie de création d'emplois par la production de biens réels et de services. Cela nécessite évidemment un système d'éducation pensé en fonction des besoins d'une telle économie.

Le patriarche maronite geint depuis des années sur les générations qui émigrent. Il ne lui est jamais venu à l'esprit qu'un projet politique sérieux peut, peut-être, endiguer ce fléau qui frappe d'ailleurs tous les Libanais.

Anonyme a dit…

Monsieur Z..


Je crois que c'est vous qui etes le brave type. Allez dire ce genre de propos paternalistes a quelqu'un d'autre pas a moi.

En bon francais qu'on dit c'est un brave type, cela veut dire en fait: il est brave et con! Alors, je prefere que la bravoure soit la votre.

Au Liban, la salade sunnite - chiites - chretiens, c'est pour le petit peuple. Les politiciens, tous et sans exception sont corropmpus et se servent des divisions confessionnelles aides en cela par le patriarche, le mufti et les autres chefs religieux pour garder le statut-quo et leurs privileges.

Si vous faites reference a mes origines pour faire crire que je denonce tout ce qui n'est pas sunnite, c'est que vous n'avez pas lu ce que j'ai ecrit surtout le premier poste.

Pour votre information, les maghrebins dans leur grande majorite ne comprennent rien au confessionalisme. Le probleme ne se pose meme pas en Afrique du Nord,et pour cause. Il n'y a que deux confession: l'Islam et le judaisme et ils n'ont jamais eu d'affrontement. La majorite des gens de ma generation a ete "conditionnee" a l'ecole laique et cartesienne francaise.

Je crois qu'au contraire l'honneur des chiites, c'est d'avoir ete la resistance la plus heroique du monde arabe. Les chretiens ont ete les porte drapeaux du nationalisme et de la modernite dans le monde arabe. N'ont ils pas introduits la premiere imprimerie en Orient? N'est ce pas que les Chiites et les Chretiens qui ont enfantes Haifa Wehbe et Nancy Ajram, les nouvelles idoles des masses frustrees?

Cordialement,

Anonyme a dit…

Amusant que vous vous vexiez de cette appellation de "brave type". Bernanos avait un jour qualifié de braves type les lecteurs d'un certain journal, ce qui avait mis en colère le rédacteur en chef du dit journal, un peu comme vous. Pourtant (comme l'écrivain s'en expliqua plus tard), c'était dit sans méchanceté, et dans mon cas aussi.
Allez! Je suis heureux de vous entendre parler de l'honneur des chiites et des chrétiens.
Bientôt, peut-être qu'on pourra dire du bien de Aoun et du Hezb sans être catalogué agent syrien...

Cordialement aussi.

PS Je connais assez bien le Maghreb. Je sais notamment que "yahoudi" y est la pire insulte, et pas seulement chez les "erhabi"...

Anonyme a dit…

Cher Chakazoulou,

On est souvent tenté de vous applaudir à deux mains tant vos analyses sont souvent justes et vos observations percutantes.

Puis on sursaute quand on lit par exemple : «Les politiciens, tous et sans exception sont corropmpus et se servent des divisions confessionnelles aides en cela par le patriarche, le mufti et les autres chefs religieux pour garder le statut-quo et leurs privileges».

Oh! Ne vous inquiétez pas. Je vous rejoins pleinement pour l'usage que l'on fait des divisions confessionnelles (qui sont souvent le fruit d'une ignorance entretenue sciemment). Je vous rejoins pleinement dans la dénonciation d'un nombre impressionnant de politiciens mafieux. Et que vous y ajoutiez le patriarche me comble de plaisir sans doute parce que, par le plus grand hasard, je suis moi-même né maronite.

Mais n'y a-t-il pas un seul politicien acceptable? Tous pourris? Désespoir?

Ailleurs dans le même post, et sans en tirer les conclusions qui s'imposent, vous écrivez : «Je crois qu'au contraire l'honneur des chiites, c'est d'avoir ete la resistance la plus heroique du monde arabe».

J'ai cru comprendre que vous êtes Arabe du Maghreb. C'est important pour la suite de ce que je voudrais dire.

Une campagne mondiale vise manifestement à provoquer une guerre fratricide entre Iraquiens sunnites et chiites, ainsi qu'entre Libanais sunnites et chiites. Ces deux guerres ne sont pas appelées à rester localisées. Elles pourraient s'étendre ensuite au fameux Grand ou Nouveau Moyen Orient pour le réduire en cendres, de l'Iran jusqu'aux confins de la Russie et de la Chine. Serais-je paranoïaque? Ou ce danger est-il réel?

S'il est réel,et je le crois, eh bien! moi le maronite qui ne suis pas impliqué dans les termes immédiat de ce conflit -sunnite/chiite- je suis pourtant concerné de façon vitale.

Quant à vous, magnrébin, même si vous êtes impliqué dans les termes mêmes de ce conflit, puisque vous êtes sunnite, vous êtes pourtant physiquement éloigné du terrain.

C'est pourquoi vous et moi, moi par la distance cultuelle, vous par la distance géographique, avons les moyens d'empêcher une telle calamité de se produire. Comment?

Répéter partout, en toute circonstances, sur toutes les tribunes, dans toutes les directions, à plusieurs voix, à l'unanimité des voix, cette évidence que vous avez formulée vous-même : «Je crois qu'au contraire l'honneur des chiites, c'est d'avoir ete la resistance la plus heroique du monde arabe».

Il faut faire en sorte que les monarques et chefs d'État arabes sunnites du Moyen Orient se rendent absolument compte que leurs peuples ne les suivraient pas dans une telle entreprise. Qu'une guerre sunnito-chiite, loin de consolider leur trônes ou leurs fauteuils, les ferait au contraire s'écrouler à coup sûr.

Qu'en pensez-vous?

Chakazoulou a dit…

Byblos,

Ta question me pousse a etre completement hors sujet, alors d'avance, je prie nos amis d'etre indulgents.


Pour repondre, je dois dire que je suis attere par la dimension que prend cette nouvelle guerre entre le sunnisme et le chiisme. Toutes les parties poussent vers l'affrontement. Les americains se sont servis des chiites pour regler a son compte a la dictature de Saddam qui lui avait marginalise, reprimes et gaze les chiites, les kurdes... et tous ceux qui s'opposaient a lui. Maintenant les americains semblent redecouvrir que les sunnites ont aussi le droit d'exister, alors ils donnent tantot un coup contre les groupes qualifies de sunnites; et tantot un coup en s'attaquent a l'armee du Mehdi pour faire bonne figure.

L'Iran est militairement present en Irak. Les gardiens de la revolution sont presents en nombre, l'armee du Mehdi et le bataillon Badr sont encadres par les iraniens.

Les regimes de la region depuis la declaration du Roi de Jordanie sur le croissant chiite sont mobilises pour contrer ce qu'ils considerent comme un danger. Ils mobilisent en utilisant le confessionalisme et on sent ici et la la montee du discours confessionnel qui sous couvert d'anti expansionisme irnaien n'est autre qu'un discours sectaire. Il faut dire que les discours D'Ahmadi Najjad leur donnent des arguments; et de ce fait se dessine une alliance objective anti-iranienne qui va d'Israel aux Etats Unis, a l'Arabie, la Jordanie et probalement le Kuwait et Bahrain. Cette alliance se sert du confessionalisme comme epouvantail pour contrer l'Iran.

L'Iran qui au moment de la revolution etait apparu pour les regimes de la region comme une menace, etait au contraire percu comme un exemple pour les masses musulmanes.

L'Iran avait un moment une diplomatie seduisante du temps de Mohamed Khattami. La, il renoue avec la rehtorique revolutionnaire et s'implique de maniere manifeste en Iralk au cote des extremsites chiites soit disant pour contrer Al Qaeda. Mais cela fait en sorte que l'opinion sunnite se retourne petit a petit contre l'Iran, surtout depuis l'execution de Saddam. Le Hezbollah ne peut qu'etre affecte par cela en raison de son "alliance" -pour ne pas dire plus- avec les irnaiens. Les syriens patissent -ou vont patir a terme-de leur role -presume ou vrai- dans l'assassinat de Hariri et leur alliance avec les iraniens et Hezbollah.


L'Iran depuis l'election de Najjad est entre de plein pied dans un affrontement avec les americains, mais aussi avec les autres regimes de la region. D'ou les discours qu'on entend ici ou la sur l'expansionisme chiite.


Tous les allies de l'Iran (Syrie, Hezbollah et Hamas) sont donc impliques et/ou instrumentalises. Les allies des USA le sont egalment. On ne peut pas ne pas faire le lien entre les suites de la guerre de l'ete dernier, les derniers evenements du Liban et ce qui se passe en Irak.


Je crois que les ingredients d'un affrontement sunnites-chiites sont quasiment reunis. La moindre etincelle peut decelncher des affrontements. On sent meme dans les medias une montee inquieteante du confessionalisme.

Les acteurs regionaux (Iran, Syrie, Arabie, Egypte et Jordanie et bien sur Israel) prennent des positions qui risquent d'alimenter l'affrontement. Les americains sont deja en plein guerre.

mais ce qui est incomprehensible, c'est de voir les syriens aider la resistance sunnite et l"iran les groupes chiites qui s'entretuent, alors que ces deux pays sont les meilleurs amis du monde. J'avoue n'y rien comprendre.

En conclusion, je ne pense pas que les masses ne vont pas suivre; car, malhereusement la propagande peut faire des miracles. a mon avis, la condition -sine quan none- pour eviter une seconde possible explosion au Liban, c'est un repositionnement du Hezbollah et la levee de la mainmise de l'Iran et de la Syrie, en contrepartie dela levee de la mainmise des USA et un "modus vivendi" entre les parties. Quant a l'Irak, c'est trop tard...

NB: Je ne suis pas un nihiliste desespere; je crois qu'au contraire, le peuple libanais peut faire des miracles...Meme la dette n'est pas insurmontable. Le seul probleme vrai, c'est la classe politique.

Cordialement

Anonyme a dit…

Bonjour Chakazoulou,

La question n’est pas vraiment hors du sujet, puisque la dette libanaise, qui a pour but politique de détruire l’État libanais, n’est qu’un élément dans une perspective beaucoup plus vaste que nous abordons directement ici, à savoir :

Le choc des civilisations et, pour qu’il tourne à l’avantage des USA et de leur allié israélien, le Grand, ou maintenant Nouveau Moyen Orient.

Je pense qu’on risque de passer à côté de la réalité, si on néglige cette perspective.

Ceci dit, si les amères loques «se sont servis des chiites pour régler son compte à … Saddam qui lui, avait marginalisé, réprimé, et gazé les chiites, les kurdes…», comment ignorer que ce sont ces mêmes amères loques qui ont installé Saddam au pouvoir après s’être débarrassés d’Abdel Karim Kassem jugé trop pro-soviétique, puis d’Abdel Salam Aref considéré trop nassérien? C’est avec le soutien des amères loques que ce même Saddam déclare la guerre à l’Iran en 1980, guerre destinée à affaiblir parallèlement un régime républicain chiite, et un autre régime républicain laïque celui-ci, censés constituer tous deux une égale menace aux protégés des amères loques, les monarques golfiens. C’est lorsque Saddam devient en même temps inutile et dangereusement populaire qu’on le plonge dans la guerre du Koweit qui justifiera l’intervention brutale contre l’Iraq et un embargo funeste qui fera des centaines de milliers de victimes civiles. C’est exactement comme cela que les amères loques se départissent des torchons jetables après usage.

Le fils Bush, plus manipulable et moins intelligent que son père, ira jusqu’à le renverser, ce qui entraînera d’une part un «chaos constructif» voulu et entretenu par les néo-cons et leurs complices israéliens en Iraq, mais aussi un déséquilibre régional que les mêmes prétendront favorable à l’Iran.

Je vous rejoins quand vous dites que «… Ahmadi Najjad leur donne des arguments; et de ce fait se dessine une alliance objective anti-iranienne qui va d'Israel aux Etats Unis, a l'Arabie, la Jordanie et probalement le Kuwait et Bahrain. Cette alliance se sert du confessionalisme comme epouvantail pour contrer l'Iran».

Avec, cependant, une nuance : Je ne suis pas certain que les media d’Occident rapportent fidèlement les propos d’Ahmadi Najad. En particulier, s’il est établi qu’il a appelé à mettre fin à l’entité sioniste, on a sciemment et malhonnêtement traduit ceci comme la volonté de destruire le peuple israélien. Les mêmes media évitent prudemment de rapporter que plus de 25.000 Iraniens de religion juive vivent en sécurité dans leur pays et refusent de «monter» en Israël, en dépit des pressions exercées sur eux… par les organisations sionistes qui, entre parenthèses, exercent des pressions du même ordre sur les Français de religion juive (avec plus de succès, semble-t-il).

Ailleurs, rendant hommage à juste titre, à la sagesse de Khatami, vous accusez Ahmadi Najad de s’impliquer en Iraq. Mais les amères loques ont-il donné à Khatami la moindre chance de normaliser les rapports de l’Iran avec eux ? Alors comment s’étonner du durcissement d’Ahmadi Najad ? D’autre part, les amères loques ne sont-ils pas eux-mêmes impliqués en Iraq ? À des milliers de kms de chez eux, mais aux portes de l'Iran? Et avec près de 200.000 militaires et un armement bien plus sophistiqué que tout ce que l’Iran pourrait avancer? Et le Mossad israélien? Et les doubles explosions de voitures piégées, au même endroit et à 15 minutes d’intervalle, pour décupler le nombre de victimes civiles? C’est exactement ce qu’ils expérimentaient au Liban dans les années 70-80. Comment voulez-vous que l’Iran agisse, alors qu’il est pris en étau entre l’Iraq et l’Afghanistan tous les deux occupés par les amères loques? Et alors que les monarchies golfiennes offrent d’importantes facilités au stationnement de troupes US, et que l’US Navy est on ne peut plus présente dans le golfe arabo-persique, l’Océan indien et la Méditerranée orientale?

Ces monarchies ne font-elles pas le jeu de ceux qui veulent s’emparer de leurs ressources à vil prix en procédant à la destruction systématique de toute la région? Ceux-là mêmes qui, guerre après guerre, leur font payer la note rubis sur ongle, rapatriant ainsi les pétro-dollars? Ceux qui leur font acheter un équipement militaire aussi ruineux que parfaitement inutile? Toujours les mêmes qui les incitent à placer à Wall Street ou à la City de Londres ce qui leur reste de pétro-dollars, annihilant ainsi leur pouvoir de négociation pour leurs propres pays, et pour servir une Justice minimale à l’égard de leurs frères palestiniens en train de crever dans l’indifférence du monde… Et la leur propre ?

Ne seraient-ils pas mieux avisés s’ils négociaient directement un modus vivendi avec l’Iran, en vue de pacifier d’abord les rapports arabo-persans et sunnito-chiites ? Puis d’essayer d’étudier ensemble les moyens d’en venir à un règlement équitable de la question palestinienne et, éventuellement, à une dénucléarisation de la région ?

Ce qui ne signifie nullement qu’il ne faille pas donner les assurances légitimes de sécurité à Israël. Sans oublier que la première des sécurités serait la légitimation d’Israël en Orient, lorsque son rôle positif et utile y sera perceptible, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.

Je voudrais, à ce sujet, conclure sur une pensée que je ne cesse de ressasser : un seul chirurgien juif, assisté d’un interne arabe, et qui opère et sauve un enfant palestinien, est plus utile pour la sécurité d’Israël, que 50 divisions blindées… Et infiniment moins coûteux.

Wassalamou 3alaïkom.

Anonyme a dit…

Excusez-moi d'apporter une contribution qui n'a rien à voir. C'est juste pour vous signaler la chronique d'Adler sur France Culture ce matin qui est assez sidérante...
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture/emissions/matins/index.php

Anonyme a dit…

Je sais. Karl Marx est passé de mode. Mais tout de même! Je vous propose la lecture de l'analyse suivante qu'il fait de la Révolution de Juillet 1830 en France. Elle donne un étonnant éclairage sur les rapports du politique, du social et de l'économique dans le Liban d'aujourd'hui, et plus particulièrement celui de l'ère haririenne.

Je noterais en passant que la «Grande Bourgeoisie Financière» au Liban a «adoubé», après la guerre, un nombre impressionnant d'ex-seigneurs de la guerre et de trafiquants en tous genres, et «satellisé» nombre de féodaux et de «fils de familles».

À vous l'intemporel Karl Marx (quoi qu'on ait fait du Marxisme):

Après la révolution de Juillet, alors qu'il conduisait son compère le duc d'Orléans en triomphe à l'Hôtel de Ville, Lafitte laissa échapper ce mot: « Désormais, ce sera le règne des banquiers. » Lafitte avait trahi le secret de la révolution.

Ce n'est pas la bourgeoise française qui régnait sous Louis-Philippe, mais seulement une fraction de celle-ci, banquiers, rois de la Bourse, rois des chemins de fer, propriétaires des mines de charbon et de fer, de forêts, une partie de la propriété foncière ralliée à eux, en un mot l'aristocratie financière. Elle était installée sur le trône: elle dictait les lois aux Chambres, elle distribuait les charges publiques, du ministère au bureau de tabac.

La bourgeoisie industrielle au sens propre formait une partie de l'opposition officielle: elle n'était représentée aux Chambres que comme minorité. Son opposition se manifesta d'autant plus résolument que l'hégémonie de l'aristocratie financière s'étant affirmée, elle se persuada d'autant que les émeutes réprimées dans le sang de 1832, 1834 et 1839 avaient scellé sa domination sur la classe ouvrière. Gandin, un fabricant de Rouen, l'instrument le plus fanatique de la réaction bourgeoise, tant à l'Assemblée nationale constituante qu'à la législative, était à la Chambre des députés l'adversaire le plus acharné de Guizot. Léon Faucher, connu plus tard pour ses vains efforts à se poser en Guizot de la contre-révolution française, guerroya dans les derniers temps de Louis¬Philippe, à coups de plume, en faveur de l'industrie contre la spéculation et son caudataire, le gouvernement. Bastiat faisait de l'agitation contre le système dominant, au nom de Bordeaux et de toute la France viticole.

La petite bourgeoise dans toutes ses catégories ainsi que la classe paysanne étaient complètement exclues du pouvoir politique.

Enfin, on trouvait dans l'opposition officielle, ou bien tout à fait en dehors du «pays légal», les représentants idéologiques et porte-parole des classes mentionnées, leurs savants, avocats, médecins, etc., en un mot, leurs «capacités».

Par ses embarras financiers, la monarchie de Juillet fut dès l'abord dépendante de la grande bourgeoisie, et cette dépendance fut la source inépuisable d'une gêne financière croissante. Il était impossible de subordonner la gestion de l'État à l'intérêt de la production nationale sans équilibrer le budget, sans établir l'équilibre entre les dépenses et les recettes de l'État. Et comment établir cet équilibre sans limiter le train de l'État, donc sans léser les intérêts qui étaient autant de soutiens du système dominant, et sans remanier l'assiette de l'impôt, c'est-à-dire sans rejeter une partie considérable du fardeau fiscal sur les épaules de la grande bourgeoisie elle-même?

Bien mieux, l'endettement de l'État était d'un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui régnait et légiférait par l'intermédiaire des Chambres. En fait, le déficit de l’Etat était l'objet même de sa spéculation et la source principale de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Et chaque nouvel emprunt offrait à l'aristocratie financière une nouvelle occasion d'escroquer l'État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de négocier avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt offrait une nouvelle occasion de dévaliser le public qui avait investi ses capitaux en rentes d'État, par des opérations de Bourse au secret desquelles gouvernement et majorité de la Chambre étaient initiés. D'une façon générale, l'instabilité du crédit public et la connaissance des secrets d'État permettaient aux banquiers et à leurs affiliés dans les Chambres et sur le trône de provoquer dans le cours des effets publics des fluctuations insolites et inopinées qui avaient toujours pour résultat la ruine d'une masse de petits capitalistes et l'enrichissement fabuleusement rapide des grands spéculateurs. Le déficit de l'État étant d'un intérêt immédiat pour la fraction de la bourgeoisie au pouvoir, on comprend que les dépenses publiques extraordinaires dans les dernières années du gouvernement de Louis-Philippe aient largement dépassé du double celles sous Napoléon, atteignant même chaque année près de 400 millions de francs, alors que le total des exportations annuelles de la France s'élevait en moyenne rarement à 750 millions de francs. Les sommes énormes qui passaient ainsi entre les mains de l'État facilitaient en outre des contrats de livraison frauduleux, la corruption, la concussion, des filouteries de toute sorte. Le rançonnement de l'État tel qu'il se pratiquait en grand au moyen des emprunts se renouvelait à plus petite échelle dans les travaux publics. Le rapport entre la Chambre et le gouvernement se retrouvait, multiplié, dans le rapport entre les diverses administrations et les divers entrepreneurs.

De même qu'elle exploitait les dépenses publiques en général et les emprunts publics, la classe dominante exploitait la construction des chemins de fer. Les Chambres en rejetaient le gros des charges sur L'Etat et assuraient une manne dorée à l'aristocratie financière spéculatrice. On se souvient des scandales à la Chambre des députés lorsqu'on découvrit par hasard que l'ensemble des membres de la majorité, y compris une partie des ministres, avaient des intérêts comme actionnaires dans les mêmes travaux de voies ferrées qu'ils faisaient ensuite exécuter comme législateurs aux frais de l'État.
Cependant, la moindre réforme financière se heurtait à la résistance des banquiers. Ainsi, par exemple, la réforme postale. Rothschild protesta. L'État avait-il le droit de réduire des sources de revenus destinées à payer les intérêts de sa dette toujours croissante?

La monarchie de Juillet n'était qu'une société par actions pour l'exploitation de la richesse nationale française dont les dividendes étaient partagés entre les ministres, les Chambres, les deux cent quarante mille électeurs et leur clientèle. Louis-Philippe était le directeur de cette société - Robert Macaire sur le trône. Commerce, industrie, agriculture, navigation, les intérêts de la bourgeoisie industrielle ne pouvaient être que menacés et lésés en permanence sous ce système. «Gouvernement à bon marché» avait inscrit celle-ci sur son drapeau lors des journées de Juillet.

Tandis que l'aristocratie financière faisait des lois, administrait l'État, disposait de tous les pouvoirs publics organisés, dominait l'opinion publique par l'état des choses et par la presse, on vit se reproduire dans toutes les sphères, de la cour au «café borgne», la même prostitution, la même fraude éhontée, la même soif de s'enrichir non point en produisant mais en escamotant la richesse d'autrui disponible, et c'est surtout au sommet de la société bourgeoise que se déchaînait l'affirmation effrénée des appétits pervers et dissolus, entrant en collision à tout instant avec les lois bourgeoises elles-mêmes, convoitises où la richesse gagnée au jeu cherche naturellement sa satisfaction, où le plaisir devient «crapuleux», où se mêlent l'argent, la boue, le sang. Dans son mode d'acquisition comme dans ses jouissances, l'aristocratie financière n'est rien d'autre que la résurrection du prolétariat encanaillé aux sommets de la société bourgeoise.

* Extrait de Karl Marx, Les Luttes de classes en France, Collection Folio/Histoire, Gallimard, Paris, 2002

Anonyme a dit…

Cher Nidal,

Tu n'a pas remis a jour le site depuis un moment !

Disposes-tu d'un nouveau lieu d'expression ? si oui peux-tu nous dire lequel ? et sinon nous ou au moins j'attends impatiements tes analyses à venir sur ton site !

Bonne continuation et a bientôt !

A oui me permet tu de mettre en ligne sur www.agoravox.fr tes analyses en y mettant le pseudo de "Nidal" comme rédacteur ?

Pour les diffuser si ca peut te rassurer je les mettrais à partir de cyber café pour ne pas être inquiété !

Anonyme a dit…

En lisant "Ceci nous servira de conclusion" a la fin de cet article, je ne pensais pas qu'il s'agirait de conclusion generale au blog... hate de vous lire.

Lebanese lay with private confession a dit…

Pourquoi ne peut-on pas commenter le dernier post ? Est-ce voulu ?
Merci pour ton retour après deux mois d'absence