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18 juillet 2006

Les Français et les Grecs sont aussi des ennemis comme les autres

Pendant que la télévision française s'enthousiasme bruyamment sur l'efficacité française à évacuer ses ressortissants (l'arrivée du ferry à Larnaca, grand moment, avec ces femmes évanouies portées par de vigoureux bidasses francaouis!), il semble que les autorités françaises commencent à peine à comprendre la gravité de la situation. Après le refus israélien d'un couloir de sécurité pour évacuer les Australiens (billet précédent), nous apprenons (pas par la télé) les problèmes sécuritaires lors de l'embarquement de ce fameux ferry:

Dépêche AFP:

Quelque 300 Français et Grecs n'ont pas été évacués comme prévu de Beyrouth lundi à bord du ferry grec «Iera Petra», son départ ayant été précipité pour des raisons de sécurité, a indiqué mardi le secrétaire d'État grec aux Affaires étrangères, Théodore Kassimis.

La Grèce a dans un premier temps exprimé son «mécontentement» auprès des autorités françaises, qui affrètent le bateau, pour n'avoir pas embarqué ses ressortissants, 83 au total, «mais a reçu des explications qu'elle a acceptées», a ajouté M. Kassimis lors d'un point de presse.

«Les Français nous ont dit que le départ du bateau a été accéléré, ce qui a provoqué l'interruption de l'embarquement», a-t-il affirmé. Les passagers laissés à quoi «ont été regroupés dans un bâtiment mis à disposition par les autorités françaises», a-t-il ajouté.

Selon un représentant de la compagnie Dane, propriétaire du bateau, qui s'exprimait sur une radio grecque, le navire est parti avant la fin de l'embarquement car l'accord passé avec les Israéliens prévoyait qu'il quitte le port avant la tombée de la nuit.

Les opérations d'évacuation se déroulent dans un environnement «très difficile tant au niveau de la sécurité que des communications», a pour sa part souligné la ministre grecque des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis.

Elle a indiqué que la frégate grecque Psara devait ancrer mardi en milieu de journée à Beyrouth pour y embarquer 400 personnes, Grecs et étrangers, avant de rallier Larnaca à Chypre, en principe dans la soirée.

Dans le cadre de l'opération grecque d'évacuation, intitulée «Cèdre», une autre frégate, Thémistoclis, attend à Larnaca un éventuel ordre de mission, ainsi que deux transporteurs militaires, Ikaria et le Rhodos, croisant près de Chypre, a-t-elle précisé.

Au total, la Grèce a déjà évacué, vendredi et samedi, par avion, 256 personnes, dont 99 étrangers.
Coup de fil à la cellule de crise du quai d'Orsay, ce dimanche (le numéro devenant alors accessible uniquement à partir de ce moment): «J'ai entendu qu'un ferry arrivait lundi, mais j'ai compris que le Siroco arrivait au mieux jeudi. Il faut attendre jeudi, alors?» Réponse: «Non, ça commence lundi.» Je demande: «Sans protection militaire, alors que les ports sont bombardés quotidiennement?». Réponse: «Euh, je ne sais pas.»

Je demande encore: «Vous prévoyez des convois sécurisés pour permettre aux gens de rejoindre le lieu d'évacuation? Parce que vous savez, ça tape à tout va, là bas, ils tapent les routes et les véhicules civils.» Réponse: «Non. Il faut qu'ils rejoignent le port par leurs propres moyens. Mais qu'ils attendent là où ils sont, hein, l'Ambassade leur enverra un SMS.»

Hier, l'ami libanais en bas de chez moi a sa famille en vacances à Tyr (extrême Sud). Confirmation: sa femme et ses deux filles remontent lentement vers Beyrouth dans leur petite voiture. Hier Saïda. Demain peut-être Beyrouth. Éviter la zone sud, l'autoroute passe à côté de l'aéroport, puis entre le camp de Sabra et la «banlieue» Sud chiite bombardée pour cause de hezbolisme.

En attendant l'armée française, volez un 4 x 4 capable de survoler les ponts bombardés et de rouler plus vite qu'un missile israélien.

Reste ensuite le problème du nombre. Il y a 20000 Français au Liban. Sans compter les résidents, qui seront ensuite rapatriés. 8000 ont déjà demandé à être évacués. Les autres ne devraient pas tarder: il faut tout de même parvenir à contacter l'Ambassade de France à Beyrouth qui, aux dernières nouvelles, ne répond plus au téléphone.

Faites le calcul: un seul ferry ne pouvant faire qu'une seule rotation par jour, cela fait 8 jours minimum pour rapatrier 8000 personnes, 20 jours pour l'ensemble des ressortissants. Les «résidents» ont intérêt à prendre patience.

Ce matin, je demande à la cellule de crise: «Est-ce qu'il y a une montée en puissance prévue du rythme et du nombre de ferrys?» Réponse: «On ne sait pas».

Partir par Damas? Aujourd'hui: «Non, les routes sont détruites et il y a des bombardements», m'explique la cellule de crise. De toute façon, grosse rumeur au Liban: il y aurait 10 jours d'attente avant d'obtenir une place sur un vol en partance de Damas. Je suppose que ça ferait trop de mal aux Européens de demander aux Syriens d'accueillir des avions de transport affrétés par les autorités...

Partir vers Istanbul? 24 heures en autocar. «Désolé, je ne sais pas. Qu'ils se renseignent sur place.»

Merci.

Mise à jour, 18 heures: en fait, très professionnelle, la cellule de crise; simplement les infos arrivent quand elles arrivent. Le mouvement de rapatriement devrait s'accélérer mercredi soir ou jeudi matin, avec l'arrivée de deux navires militaires français: 1200 et 1800 places.

Désormais, toutes les routes vers la Syrie, y compris celles du Nord, sont strictement déconseillées et considérées comme très dangeureuses (en fait, toutes les routes... mais celles pour les frontière craignent le plus). En revanche, pas d'infos sur d'éventuels convois protégés pour aller chercher les gens dans le pays. Pour l'instant, chacun doit se débrouiller pour rejoindre Beyrouth.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je suis écoeurée!
un peuple est massacré, encire un, et "les grands de ce monde" font "mumuse"avec la vie des autres.
il n'y a personne qui réagit à ces violations
j'en suis malade
ma compassion et mes pensées au peuple libanaiis