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24 décembre 2006

Selon Al-Akhbar, l'Allemagne ne coopère pas à l'enquête internationale

Al-Akbar confirme l'information d'Angry Arab selon laquelle le juge Detlev Melhis devait intervenir sur la LBC dans une interview avec May Chidiac, interview annulée au dernier moment suite à des pressions de l'ONU. Le 20 décembre, Ibrahim Al-Amine publiait, toujours dans Al-Akhbar, un article plus complet, suggérant des pistes sur le jeu politique de Detlev Mehlis et l'opposition entre lui et son successeur, Serge Brammertz.

Voici une adaptation de l'article d'Ibrahim Al-Amine (notez bien: ce n'est pas une traduction littérale, j'en serais bien incapable).

Conflit entre Mehlis et Brammertz: l'Allemagne ne coopère pas à l'enquête internationale
d'après l'article d'Ibrahim Al-Amine

Les évolutions locales et internationales de l'enquête sur l'assassinat du Premier ministre Rafik Hariri l'entraînent vers des étapes plus sensibles après le récent rapport du chef de la commission d'enquête Serge Brammertz et les fuites sur les réactions des parties concernées. Des sources concordantes indiquent que Brammertz a livré ses explications en comité très restreint auprès d'officiels des Nations unies pour justifier la prorogation de sa mission, exposant les objectifs atteints et les progrès face aux difficultés, explicitant les besoins techniques et matériels nécessaires, ainsi que le soutien moral nécessaire à la prochaine phase de l'enquête.

Il semble que, ces deux derniers jours, Brammertz soit intervenu d'urgence auprès du Secrétaire des Nations unies pour que celui-ci empêche, de manière ferme, son prédécesseur Detlev Mehlis de faire des déclarations de nature politique, Brammertz ayant reçu de nombreuses informations sur les activités de Mehlis dans les cercles politiques et médiatiques de Beyrouth et d'ailleurs.

Selon ces informations, Mehlis voudrait orienter ses critiques sur divers points, notamment en expliquant que les progrès sont trop lents, et que Brammertz néglige délibérément les stratégies d'enquête adoptées auparavant. Il voudrait aussi rappeler qu'il a lui-même obtenu de nombreux résultats, notamment sa découverte de nombreux éléments d'identification des auteurs du crime, expliquant ainsi que le dernier rapport de Brammertz confirme la thèse du van Mitsubitshi, thèse qu'il avait lui-même exposée dès le premier jour de son arrivée au Liban. Melis rejette aussi les critiques quant à son propre travail, qu'elles soient contenues dans le rapport Brammertz ou émises par ceux des officiels qui l'ont commenté, notamment celles portant sur ses demandes d'arrestations et d'autres éléments de procédures.

Il apparaît que Mehlis a dû annuler un certain nombre d'interviews dans les médias, mais il indique son intention de poursuivre ses déclarations aux journaux et à des officiels américains, et de continuer, avec son bras droit Gerhard Lehmann, à diffuser des informations auprès d'un certain nombre de médias, particulièrement en Allemagne, mais aussi auprès de personnalités politiques et médiatiques au Liban et dans le monde arabe, lorsque cela lui semblera approprié pour «défendre ce qu'il a fait, et attirer l'attention sur les erreurs commises par Brammertz», selon les mots d'une source qui a parlé avec le juge allemand.

Il semble que le conflit entre Mehlis et Brammertz dépasse les seules questions d'image. Ainsi il semblerait que ce que Brammertz évoque au paragraphe 103 de son dernier rapport, selon lequel «certains États ont livré des réponses tardives ou incomplètes, ou n'ont pas répondu du tout» et où il rappelle que «la Commission a bonne confiance qu'il obtiendra une coopération pleine et rapide de tous les États durant la prochaine phase de l'enquête», s'adresse au juge allemand, ainsi qu'à l'État allemand, qui aurait refusé plusieurs sollicitations de la part de Brammertz et auquel il aurait fait plusieurs demandes de collaboration d'équipes spécialisées dans la lutte contre le terrorisme et travaillant avec les services de renseignement allemands. Il a envoyé plusieurs lettres, mais la réponse a été négative, jusqu'à ce qu'il ne comprenne que Berlin protestait ainsi contre sa décision initiale de résilier les contrats avec tous les membres allemands de l'équipe qui travaillaient avec Mehlis et de ne conserver que les enquêteurs suédois.

Des explications diverses justifient cette situation. Certains expliquent que le travail de Brammertz nécessitait de nouvelles méthodes et donc de nouvelles équipes, indiquant que Brammertz critiquait la qualité du rapport final de Mehlis, qu'il pensait ne pas avoir quitté son poste de son plein gré, parce qu'il avait commis de nombreuses erreurs. D'autres attribuent ces tensions à la façon dont Brammertz gère la partie syrienne de l'enquête. Mehlis, pendant la phase libanaise de l'enquête, diligentait les arrestations des chefs des services de sécurité suspectés d'être liés à l'affaire ainsi que celles d'un certain nombre d'autres suspects. Il a recommandé que cette méthode soit également appliquée à un certain nombre d'officiels syriens. Brammertz, au contraire, a préféré se concentrer sur les aspects techniques de l'enquête, cherchant d'abord à déterminer tous les mécanismes du crime, et à identifier les personnes qui ont préparé les explosifs ainsi que l'auteur de l'attentat-suicide dont on a retrouvé de minuscules traces sur les lieux du crime.

Leur opposition concerne aussi la question des arrestations. C'est dans ce contexte qu'est rédigé le paragraphe 96 du rapport, qui indique qu'il est important d'établir «un rapport analytique sur la crédibilité d'un témoin», à cause de son impact sur «des personnes liées aux autorités libanaises».

Ce paragraphe concernerait le témoin syrien Mohammad Zuheir Saddik, dont les déclarations ont dû être comparées aux autres informations du dossier, qui le contredisent, laissant les autorités libanaises face à leurs responsabilités quant au sort des personnes détenues, notamment celui du Major General Jamil Sayyed, qui a à nouveau demandé au juge Elias Eid de lever le mandat d'arrêt prononcé à son encontre. Le rapport a été transmis au procureur général Said Mirza, qui à son tour a indiqué que la question devait être comparées aux autres informations et faire l'objet de plus amples discussions avant qu'une décision soit prise, renvoyant au juge Eid.
Les lecteurs intéressés pourront trouver l'intégralité du dernier rapport de Serge Brammertz, reproduit sur le site Ya Libnan. Le paragraphe 103 – cités dans l'article d'Ibrahim Al-Amine – qui dénonce le manque de coopération de la part de «certains États», ne fait, ainsi, clairement pas référence à la Syrie, puisque les paragraphes précédents indiquent que «the cooperation of Syria with the Commission remains timely and efficient».

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de votre travail
Pourriez-vous nous dire qui attend encore quoi de ces "enquêtes"?
Je serai très intéressé que soient recensés tous les chefs d'état et ministres libanais depuis une cinquantaine d'années.
Ils ont tous cruellement manqué à leur pays.
J'avais commencé la liste dans le but d'entreprendre un article et les bras m'en sont tombés.
Merci de m'indiquer où elle peut être disponible .

Anonyme a dit…

Vous parlez d'une reference "Al Akhbar"! Deja de la maniere dont ils suggerent la liberation de Jamil Sayyed, on se doute bien de l'idee qu'ils essaient d'avancer. Comment peut-on douter une seconde de l'implication de ce Machiavel dans l'assassinat de Hariri? Lui qui controliat tout. Il faut avoir connu la surete Generale pour savoir qu'ils -avec les syriens- sont responsables d'une liste d';exactions dont l'assassinat de Hariri n'est qu'un enieme episode

Il n' y a pas que la majorite qui ne fait pas confiance a la justice au Liban. Personne ne fait confiance a la justice au Liban. J'y ai vecu 5 ans et j'ai des attaches et je sais de quoi je parle. Tout s'achete et se vend au Liban, surtout les juges et les avocats.

Je vois que beaucoup d emessages vous complimentant sont publies De deux choses l'une: ou vous etes trop brillant, ou vous etes narcissique et vous ecrivez vous memes certains commentaires. La preuve, c'est que vous filtrez les commentaires pour faire publier ceux qui vous sont favorables. Une bonne democratie a la mode arabe. Des que je vois ce genre de compliments, ca me fait penser aux teles officielles arabes.

Cordialement.

Anonyme a dit…

Je suis au regret de noter également que tous les commentaires ne sont pas publiés, ce qui sème un doute certain sur le caractère transparent de ce blog. Les miens sont toujours modérés et constructifs, mais pour une raison que j'ignore "passent" une fois sur deux.

Peut-être y a-t-il une raison que Nidal pourrait expliciter ?

Anonyme a dit…

Le surnommé Anonyme semble avoir subi un véritable bain libanais. Il ne rapporte pas des faits. Il ne raisonne pas. Il n'argumente pas. Il énonce des généralités et profère des accusations.

Passons à autre chose. Nous avons pris l'habitude, au Liban, de dire «les Américains», les «chrétiens», les «musulmans», les «Syriens», etc... sans soupçonner à quel point ces généralisations abusives entraînent des erreurs de jugement et développent la culture des préjugés.

Ainsi, la notion de «Syriens» a pour effet d'occulter la toute-puissance puis la chute d'un clan dirigé par Abdel Halim Khaddam et Ghazi Kanaan.

C'est ce clan qui, au sommet de sa puissance, a soutenu Rafik Hariri qui a régné en véritable maître du Liban de 1992 à 1998 puis de 2000 à 2004.

Hariri en a profité pour permettre à l'Arabie Saoudite et aux Émirats du Golfe de s'emparer du Centre-Ville de Beyrouth et des plus beaux terrains de Beyrouth et du Mont-Liban (près de 25% des terrains disponibles leur appartiennet). Il a plongé le Liban dans le malheur de l'endettement à hauteur de plus de 40 milliards de dollars. Ces quarante milliards, on ne sait pas jusqu'ici ni comment ni par qui ni sur quoi ils ont été dépensés. Cette dette a mis fin à toute velléité d'indépendance de ce pays.

Le même Ghazi Kanaan a taillé une loi électorale sur mesure qui a permis de marginaliser le tiers chrétien de la population et de neutraliser le tiers chiite, ce qui a permis à la famille Hariri d'avoir à sa dévotion une majorité parlementaire factice pour deux législatures successives.

L'immense majorité des exactions et des abus commis par les «Syriens» l'ont été à cette époque.

Nietzsche a dit…

Merci Nidal pour ce sujet.
Cela fait plusieurs semaines ue ce rapport a ete remis, et tres pu de commentaires ont ete fait sur la cooperation satisfaisante des autorites Syriennes , alors qu'une dizaine d'autres Etats ne repondent pas aux requetes de la comission d'enquete. Les medias occidentux continuent de mentionner subversivement les soupcons pesant sur la Syrie lorsqu'ils evoquent la serie d'assassinats au Liban. Pas un mot sur ce rapport.
Je suis entierement daccord avec Byblos.

Anonyme a dit…

Je concede que la generalisation du terme "syriens" est inapproprie. Cependant, nous ne sommes pas dans un cours de Sciences poitiques ou dans une cellule du PC.

Le distinco fait entre Ghazi Kannaan le mechant et les autres -sous entendu- Bacchar me fait pouffer de rire. Ghazi Kannan n'etait qu'un pilier du regime dirige par le clan Assaad et a ce que je sache, ils sont toujours la: Bachar, la mere, le frere, le beau frere...

Quant a l'affiramation que l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe se soient accapares le Liban, c'est tout simplement du n'importe quoi.

1- Les libanais, tous ne revent que d'une chose, c'est de voir les autres investir dans leur pays,

2- Le Liban a ete le principal -Hors pays du Golfe- destinataire de la rente petroliere depuis les annees 50. C'est ce qui a permis a beaucoup de vivre. La maniere dont vous en parlez recele un mepris non avoue pour les gens du Golfe. Allez poser la question aux centaines de milliers qui vivent dans le Golfe et vous allez etre surpris de la reponse,

3- Les etrangers ne peuvent posseder au dela de certaines limites (5000 m) par personne,

4- Le plus grand projet qui etait entarin d'etre prepare avant la mort de Hariri (Sanine) qui devait englober 1 million de metres a ete fait par des gens proches non de Hariri, mais de Lahoud! Al Habtour a obtenu le permis de cosntruire en hauteur son hotel avec la bendiction-bien remuneree- de... Lahoud. Resultat, une des pistes de l'aeroport ne peut plus etre utilisee pour l'atterisage!

Hariri etait un affairiste comme les autres. Il avait en plus le soutien des francais et de l'Arabie. Il a neanomoins reussi Paris I et Paris II. La dette tout le monde en est responsable sans exception. Toute la classe politique en a beneficie ou a fait beneficie sa clientele, y compris la clientele d'Amal et du Hezbollah.

La cooperation des syriens -pardon du regime syrien- est parfaite. C'est nouveau. Mais cela ressemble a la cooperation du boucher avec le mouton qu'on amene a l'abbatoir. Sur le passage, le boucher zigouille quelques agneaux!

Pour Byblos, je le remercie d'etre la seule lumiere qui rayonne par ses raisonnements. Il aurait du etre le hagiographe de Haroun Rachid, comme il y en a beaucoup dans le monde arabe.

Nietzsche a dit…

De 2 choses l'une: ou bien vous etes tres mal informe, ou alors vous adaptez vos informations au sens que vous voulez leur donner.
Kanaan n'etatit pas du tout un pilier du clan de Bachar, mais plutot de la "vieille garde" du regime Baassiste dont le fer de lance etait Abdel Halim Khadam. Ce dernier, veritable pro-consul Syrien au Liban pendant de longues annees s'est vu marginalise de plus en plus, au point qu'il a remis sa demission en 2005. Kanaan s'est suicide. Khadam a ensuite tente depuis sa residence Parisienne, soit dit en passant un cadeau de Hariri, de faire vaciller le regime Syrien en proferant des accusations, peu credibles et visiblement politisees, sur l'implication de Assad dans le meeurtre de Hariri. Notez qu'il etait present aux funerailles de Hariri. Khaddam et Kanaan sont des rivaux de longue date des soit-disants pro-Syriens que sont Sleimane Franjieh et Emile Lahoud.
Plusieurs services de securite differents et rivaux operent parallelement en Syrie et donc au Liban, je vous invite, Anonyme, a mieux vous informer avant de publier de pareilles absurdites.

Anonyme a dit…

Je ne voudrais pas entrer dans une polémique avec qui que ce soit sur ce blog. Mais on ne peut passer sous silence certaines affirmations effarantes. Ainsi :

1- «...la generalisation du terme "syriens" est inapproprie. Cependant, nous ne sommes pas dans un cours de Sciences poitiques ou dans une cellule du PC.» Cela voudrait-il dire qu'on ne raisonne correctement que dans une cellule du P.C.? Et qu'ailleurs, on a le droit de raisonner de travers et donc de tirer des conclusions à l'avenant, mais certifiées correctes?

2- Je n'ai pas fait de distingo entre «bons» et «méchants», mais fait ressortir que le pouvoir syrien est moins homogène qu'on veut nous le faire croire. Et que Hariri y a longtemps trouvé des appuis solides et utiles.

3- Investir dans un pays, ce n'est pas s'accaparer ses terres. Ça, c'est de la dépossession organisée, tout comme faisait l'agence juive en Palestine avant 1948. Investir, au sens économique,
c'est immobiliser un capital en vue de produire des biens et des services. Tout ce que l'achat de terrains à prix fort produit, c'est
de l'inflation. S'il faut paraître pédant pour préciser ce dont on parle, soyons pédants, mais sachons de quoi nous parlons.

4- «Les etrangers ne peuvent posseder au dela de certaines limites (5000 m) par personne». Allons! Allons! Soyons sérieux. Et les entreprises prétendues libanaises, à l'exemple de Solidere? Et les hommes de paille libanais devenus eux-mêmes millionnaires à force d'avoir prêté leur nom et leur signature?

Un dernier mot : «hagiographe» prend un «h» muet. On dit l'hagiographe, non le hagiographe.

Salut et fraternité... Et sans rancune ni acrimonie.

Sophia a dit…

Merci Nidal. C'est diablement intéressant tout cela...Brammertx ne vient pas du pays d'Hercule Poirot pour rien....

Anonyme a dit…

A lire l'ensemble de ses inepties, non argumentées bien entendu, la Syrie est un ange du seigneur (saigneur) aussi blanche que la blouse d'une infirmière libyenne.

Elle n'a eu et n'a aucun intérêt au Liban. Ne l'a jamais occupé, avalisé, digéré, divisé...rien de tout cela mes braves gens. Rien.

Bref, heureusement que la bassine est livrée avec la lecture de ce blog.