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06 décembre 2006

La Ligne verte, les manuels scolaires et moi

Le sujet étant évoqué aujourd'hui dans un article d'Al-Akhbar, je suis allé chercher sur Haaretz la version originale. L'article d'Akiva Eldar, chroniqueur pour Haarezt des affaires diplomatiques, explique les débats sur l'absence des frontières d'Israël dans les manuels scolaires israéliens. (L'article d'Akiva Eldar propose une seconde partie, qui traite du Polonium en Israël, que je pense vous traduire dans un autre billet.)

Voici donc la traduction de la première partie de l'article de Haaretz, intitulé «Meet the Green Line».

Dans un article publié hier dans Haaretz, Yuval Steinitz, membre de la Knesset issu du Likoud, pointait du doigt les manuels de classe égyptiens comme preuve que ce pays ne cherchaient pas la réconciliation. «La plupart des manuels marquent la zone à l'est de l'Égypte non pas comme “Israël”, mais sous le nom de “Palestine”», a écrit le Dr Steinitz.

Il serait intéressant de savoir comment Steinitz et ses camarades de droite réagiront aux instructions du ministre de l'éducation Yuli Tamir, exigeant que toutes les cartes des nouvelles éditions des manuels scolaires israéliens indiquent la Ligne verte. Tamir explique qu'on ne peut pas exiger de nos voisins arabes qu'ils reconnaissent les frontières de 1967, alors que notre système éducatif les a effacés des manuels et de la conscience des étudiants.

L'utilisation, par les Arabes, des manuels scolaires comme outils de propagande est dénoncé (en trois langue) sur le site des services de renseignement des Forces de défense israéliennes dans une section intitulée «l'industrie de la haine». Le site analyse les manuels distribués par l'Autorité palestinienne. L'auteur y pointe le fait que les cartes ne mentionnent pas le nom d'Israël. Il dénonce que, lorsque la Ligne verte est tracée, Israël et les territoires apparaissent de la même couleur. Ce serait une des «méthodes sophistiquées pour contourner le problème», explique le site. Il insiste en expliquant que cela est conçu pour faciliter la réponse aux critiques accusant ces manuels d'ignorer l'existence d'Israël.

Et comment les Israéliens réagissent-ils à la critique du mépris des manuels israéliens pour l'existence de la Ligne verte? Ils l'ignore. Il y a deux ans, nous avons publié les principaux points de l'étude du Dr Nurit Peled-Elhanan de l'École d'enseignement de l'Université hébraïque [Hebrew University's School of Education]. Peled-Elhanan a étudié le contenu de six manuels scolaires publiés après les accords d'Oslo, dont certains ont été officiellement approuvés par le ministère de l'éducation. D'autres livres ont été adoptés par les enseignants, bien qu'ils n'ont pas été officiellement approuvés. Parmi les résultats marquants de cette étude: le flou entretenu autour de la Ligne verte [the blurring of the Green Line], l'absence de villes Arabes en Israël, et la présentation de lieux et de colonies en «Judée et Samarie» (et non en «Cisjordanie») comme faisant partie intégrante de l'État d'Israël.

L'étude de Peled-Elhanan, comme des études similaires d'autres chercheurs, notamment celle du Dr Ruth Firrer de l'Université hébraïque, ont pendant longtemps recueilli la poussière sur les étagères des bibliothèques. Le professeur Yoram Bar-Gal, chef du département de géographie de l'Université de Haïfa, explique que, concernant les cartes, on peut observer cette règle universelle: «Ma carte a valeur éducative, ta carte a valeur de propagande». Selon lui, «Les cartes sont considérées comme extrêmement fiables, et l'État d'Israël et le mouvement sioniste, comme d'autres États et mouvements, en tirent profit en fonction de leurs besoins».

Bar-Gal a écrit que les politiciens qui portent la responsabilité de décisions fatidiques au sujet de la guerre et de la paix sont également responsables de la carte mentale qu'ils donnent aux jeunes d'aujourd'hui, carte mentale qui leur servira de motif pour défendre les frontières demain. Il dit que les instructions de Tamir pour faire figurer la Ligne verte dans les manuels scolaires sera difficile à imposer, puisque la plupart des manuels sont produits par des éditeurs privés qui n'ont pas envie de changer les films d'impression à leurs propres frais. Le test, pour Tamir, interviendra au moment du vote du budget.

Bar-Gal n'est pas certain que le grand public n'a pas conscience de la Ligne verte parce qu'elle a été effacée des cartes, ni dans quelle mesure son retour dans les manuels scolaires aura un effet décisif sur l'opinion des étudiants. Il pense que les manuels ne sont jamais qu'un des endroits où les gens se voient imposer une image du Grand Israël. «Est-ce que Haaretz fait figurer la Ligne verte sur ses cartes météo?», demande-t-il?

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