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18 septembre 2006

De l'inconfort du bidasse

Pas content, le général Pellegrini, indique Le Monde du 14 septembre (en citant La Croix):

«Je ne trouve pas actuellement de terrains. Je vais sûrement être obligé de retarder l'arrivée de certains contingents car je ne peux pas les loger», a déclaré au journal le général français Alain Pellegrini. «Je rappelle aux autorités libanaises qu'elle doivent nous proposer des terrains, ce que pour l'instant elles ne font pas. Nous sommes ici à leur demande et la moindre des choses serait qu'elles nous aident», a-t-il poursuivi.
L'Orient-Le Jour du 18 août (aujourd'hui) se préoccupe toujours du confort du bidasse onusien («La Finul de plus en plus confrontée au manque de terrains pour ses contingents»):
Pendant ce temps, la Finul renforcée se retrouve de plus en plus confrontée à un manque de terrains. De nombreux propriétaires accepteraient de louer leurs parcelles directement à la force de l’ONU, mais étant obligés de passer par l’État libanais, seul habilité à traiter avec la Finul, ils s’y refusent, de peur d’être impayés.
C’est dans ce contexte que la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, est arrivée hier soir à Beyrouth, dans une visite axée à la fois sur la coopération en matière de reconstruction et sur le bon déroulement de la mission des Casques bleus français.
C'est ballot, tout de même: des chars encore plus balaises que les chars israéliens, des centaines de véhicules blindés, de l'anti-missile, plusieurs flottes occidentales au large du Liban, des ponts, du génie, de l'armement «crédible»... et on se retrouve obligés de coucher sous la tente.

Je me permets donc de mettre en parallèle ces informations sur le manque de logements mis à disposition de la FINUL avec cette autre information: les pertes matérielles au Liban. On trouve une telle liste, par exemple, pour le 31 août. Outre les 1200 morts et 3700 blessés, l'article recense les pertes matérielles:
Les pertes matérielles libanaises directes s'élèvent à 3,6 millards de dollars, selon le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR, organisme officiel), mais selon le PNUD (programme des nations unies pour le développement) les pertes directes et indirectes pourraient atteindre 15 milliards de dollars.

La Commission des secours estimait qu'avaient été détruits ou endommagés:
  • 29 installations vitales: aéroport de Beyrouth, ports, réservoirs d'eau, stations d'épuration, centrales électriques.
  • 630 km de routes
  • 32 stations-service
  • 145 ponts et bretelles
  • 900 usines, commerces, fermes et marchés.
En ce qui concerne les logements le Hezbollah a estimé à 15000 le nombre d'unités d'habitation complètement détruites. Le Premier ministre libanais Fouad Siniora a fait état de 130000 habitations détruites ou endommagées.
Ont également été touchés: des relais de télévision, radio et téléphonie, des sites religieux, des permanences du Hezbollah, bureaux et domiciles de cadres du parti chiite, et de nombreuses bases et équipements militaires.

Les villes considérées comme des bastions du Hezbollah, de même que les régions et villages alentour ont été bombardés: Tyr, Bint Jbeil, Khiam, Nabatiyé, Cana, Saïda (sud), Beyrouth (banlieue chiite), Masnaa, la vallée de la Békaa, Baalbeck et sa région (est). Dans le nord, le plateau du Akkar est également visé.

Le bombardement de la centrale électrique de Jiyé a provoqué une marée noire sur plus de 140 km de côtes libanaises, qui s'est étendue aux eaux syriennes.
Bref, il n'y a pas que la Finul qui manque de logements au Liban.

Il y aurait bien une solution immédiate, simple et juste, connue de tous dans le monde arabe, mais qui semble avoir du mal à franchir le «fossé civilisationnel»: installer la moitié du contingent de la FINUL de l'autre côté de la frontière, sur le sol israélien, et demander au gouvernement israélien des terrains et des logements pour accueillir la soldatesque onusienne. Le général Pellegrini n'ignore pas que sa phrase – «Nous sommes ici à leur demande et la moindre des choses serait qu'elles nous aident» – peut tout aussi bien s'appliquer aux autorités israéliennes.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Honte à moi, la deuxième solution ne m'avait même pas effleuré.

Anonyme a dit…

Bravo Nidal pour ce billet. La question est de savoir pourquoi la Finul n'est pas déployée en Israël, est-ce que vous avez des éléments pour éclaircir ce point, ie, quels sont les arguments avancés par l'ONU, par exemple ? Merci d'avance.

Anonyme a dit…

Sertait-ce si inimaginable qu'une force soi-disant d'interposition protège l'agressé aux dépens de l'agresseur ? Ici c'est l'inverse ; la FINUL apparaît donc plus comme une force d'occupation que comme un moulin à vent.

Anonyme a dit…

La FINUL est au Liban pour "proteger" le Liban de ...lui-meme mon ami Cobab.
Israel n'a que faire de cette force si nulle qu'elle n'a jamais reussit a faire que se promener drapeau au vent le long de la frontiere...

Anonyme a dit…

excellente conclusion

Anonyme a dit…

Vu dans http://www.avmaroc.com/actualite/liban-forme-crime-a45824.html:
"Il y a eu au Liban une forme de crime contre l'humanité" - Chirac.

Les yeux soudain desilles malgré l'heure tardive, je m'attendais a une prise de position extremement courageuse pour ne pas dire temeraire et meme, disons le, suicidaire a cette epoque ou il faut dire merci quand on recoit une bombe israelienne sur la gueule sous peine de se faire traiter d'antisemite. Helas, mille fois helas, voila la suite: ""Il y a eu au Liban, je dirais, une forme de crime contre l'humanité qui s'est traduit par l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et par une série d'assassinats ou de tentatives d'assassinats"", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse au siège de l'Onu à New York."

Du coup, insomnie assuree. Bonsoir quand meme.

Anonyme a dit…

Voila pourquoi le Liban rafolle cde la FINUL (FI-NULLE):
BEYROUTH (Reuters) - Le ministre du Tourisme libanais a dit dimanche espérer que le déploiement des 15.000 hommes de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) contribue à relancer cette industrie durement touchée par plus d'un mois de guerre entre Israël et le Hezbollah.

Joseph Sarkis, qui fait état de pertes d'environ 2 milliards de dollars pour l'industrie du tourisme libanaise en raison du conflit, compte sur la venue au pays du Cèdre des familles et des proches des casques bleus, originaires de nombreux pays dans le monde.

"Nous préparons actuellement une sorte de campagne dans ces pays, pour montrer que le Liban, le pays où leurs enfants sont allés pour remplir une mission pacifique, est également un très beau pays, que son image n'est pas seulement faite de guerre et de destruction", a déclaré Sarkis à Reuters.

Sarkis prévoit en outre de nouvelles rentrées d'argent mensuelles de dix millions de dollars, liées aux dépenses des soldats au Sud-Liban en matière de loisirs - restaurants, cafés, clubs.

Une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en août, a mis fin à 33 jours d'affrontements entre l'Etat juif et le mouvement de résistance libanais, et étoffé de 2.000 à 15.000 le nombre de casques bleus.

http://fr.news.yahoo.com/24092006/290/beyrouth-compte-sur-la-finul-pour-relancer-le-tourisme-au.html