Les États-Unis réinventent les pontons
Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un ponton, direction Wikipedia et Prison.eu.org. Et c'est aujourd'hui (2 juin 2008) dans le Guardian: «Les États-Unis accusés de détenir des suspects de terrorisme sur des bateaux-prisons», par Duncan Campbell et Richard Norton-Taylor. Voici la traduction maison des deux premiers tiers de cet article.
Les États-Unis utilisent des «prisons flottantes» pour détenir les individus arrêtés dans sa guerre contre la terreur, selon des avocats des droits de l'homme, qui dénoncent une tentative de dissimuler le nombre et les lieux des détentions.La suite présente des déclarations de politiques suite à cette révélation.
Des informations sur les navires où les détenus ont été retenus et sur les sites qui auraient été utilisés dans différents pays à travers le monde ont été compilées à mesure que le débat sur la détention sans procès s'intensifie des deux côtés de l'Atlantique. Le gouvernement américain a été exhorté hier à fournir la liste des noms et des lieux de ceux qui ont été détenus.
L'information quant à l'existence de bateaux-prison est sortie par un certain nombre de sources, dont des déclarations de l'armée américaine, le Conseil de l'Europe et les instances parlementaires, et les témoignages de prisonniers.
Le rapport, qui doit être publié cette année par l'organisation de défense des droits de l'Homme Reprieve, affirme également qu'il y a eu plus de 200 nouveaux cas de déportation (rendition) depuis 2006, quand le président George Bush a déclaré que cette pratique avait cessé.
C'est l'utilisation de navires pour détenir des prisonniers, cependant, qui soulève de nouvelles préoccupations et des demandes d'enquêtes en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
D'après les recherches effectuées par Reprieve, les États-Unis auraient utilisé pas moins de 17 navires comme «prisons flottantes» depuis 2001. Les détenus sont interrogés à bord des navires et ensuite déportés dans d'autres lieux, souvent non divulgués, selon ce rapport.
Les navires identifiés comme lieux de détention de prisonniers sont notamment l'USS Bataan et l'USS Peleliu. 15 autres navires sont soupçonnés d'avoir été utilisés autour du territoire britannique de Diego Garcia dans l'océan Indien, qui a été utilisé comme base militaire par le Royaume-Uni et les Américains.
Reprieve sera s'alarme particulièrement quant aux activités de l'USS Ashland et le temps qu'il a passé au large de la Somalie au début de 2007, quand il menait des opérations de sécurité maritime dans le but de capturer des terroristes d'al-Qaida.
À cette époque de nombreuses personnes ont été enlevées par les forces de la Somalie, du Kenya et de l'Éthiopie, lors d'une opération systématique impliquant des interrogatoires réguliers par des personnes soupçonnées d'être membres du FBI et la CIA. En fin de compte plus de 100 personnes ont «disparu» vers des prisons dans des lieux incluant le Kenya, la Somalie, l'Éthiopie, Djibouti et à Guantánamo Bay.
Reprieve pense que des prisonniers pourraient également avoir été retenus pour interrogation sur l'USS Ashland et d'autres navires dans le golfe d'Aden au cours de cette période.
Le rapport de Reprieve inclut le témoignage d'un prisonnier libéré de Guantánamo Bay, qui décrit l'histoire d'un autre détenu sur sa détention sur un navire d'assaut amphibie. «Un des prisonniers détenus avec moi à Guantánamo a été en mer sur un navire américain avec environ 50 autres détenus avant de venir à Guantanamo... il était dans la cage à côté de moi. Il m'a dit qu'il y avait environ 50 autres personnes à bord du navire. Ils ont tous été fermés dans le fond du navire. Le prisonnier m'a dit que ressemblerait à quelque chose que vous voyez à la télévision. Les personnes détenues à bord du navire ont été frappées encore plus sévèrement qu'à Guantánamo.»
Clive Stafford Smith, le directeur juridique de Reprieve, a déclaré: «Ils choisissent des navires pour tenter de dissimuler leur faute dans la mesure du possible des regards indiscrets des médias et des avocats. Nous finirons par rendre leurs droits légaux à ces prisonniers fantômes.
«De son propre aveu, le gouvernement américain détient actuellement au moins 26000 personnes sans procès dans des prisons secrètes, et des informations donnent à penser que jusqu'à 80000 sont passées “par ce système” depuis 2001. Le gouvernement américain doit faire la preuve de son engagement pour droits fondamentaux et d'humanité, en révélant immédiatement qui sont ces gens qui, où ils sont et ce qui leur a été fait.»
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