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05 juin 2007

Une lutte sincère contre le terrorisme?

Ce premier juin, un reportage de la BBC a fait l'effet d'une petite bombe médiatique.

L'article de Dan Parkinson indique que des documents britanniques récemment déclassifiés contiennent une étonnante déclaration: selon une source, les Israéliens pourraient avoir été à l'origine du détournement d'un avion d'Air France en juillet 1976, attribué aux Palestiniens.

Ce détournement d'avion avec prise d'otage, suivi de l'opération des troupes d'élites israéliennes à Entebbe, est raconté sur cette page de Wikipédia. Près de 30 ans après ces événements, selon Arouts 7, l'ancien aéroport d'Entebbe s'apprêtait à devenir un musée «pour souligner “l’influence historique que cette opération a eue sur le pays”.»

L'article de la BBC présente un certain nombre de révélations:

  • un certain DH Colvin, de l'Ambassade britannique à Paris, écrit que, selon une de ses sources, les Israéliens sont eux-mêmes derrière l'opération, qui vise à discréditer l'OLP en France; selon cette source, «le FPLP a attiré toutes sortes d'éléments incontrôlables, dont certains ont été implantés par les Israéliens»;
  • le gouvernement britannique s'est interrogé à l'époque sur la pertinence de féliciter ou non Israël pour son intervention;
  • il a été décidé, quelques jours plus tard, que la légalité internationale de l'intervention israélienne n'était pas claire.
L'organe de propagande israélien Metula New Agency dénonce dès le lendemain un complot orchestré de l'AFP, l'«agence de presse semi-officielle de l'État français» et «l'incitation à l'antisémitisme frénétique dans les médias français». Et appelle à l'épuration (tenez-vous bien):
Il paraîtrait, selon des amis bien informés, qu’après les élections législatives, Nicolas Sarkozy s’apprêterait à effectuer un grand nettoyage parmi les plumitifs des media dépendant de l’Etat. Ilan vous l’assure, il serait inutile de mettre au vert des collègues accomplissant correctement leur métier. Ce ne serait pas une purge idéologique, mais l’éloignement de ceux qui ont kidnappé les media et détourné notre langue afin de faire passer leurs opinions fielleuses de racistes.
L'auteur de Metula propose aussi de purger le gouvernement Fillon d'une de ses dangereuses agitatrices antisémites:
Dans la droite ligne des actions de cette association, il me semble éclairant de mentionner que l’actuelle ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports du cabinet Fillion, madame Roselyne Bachelot-Narquin, fut présidente de l'Association parlementaire euro-arabe de 1998 à 2002, date à laquelle elle fut choisie par Jacques Chirac pour être sa porte-parole lors de la campagne présidentielle.
Certes, le même jour, le Monde reprend une partie des informations de la BBC, avec force conditionnels: «Les services secrets israéliens auraient manipulé le raid d'Entebbe». Mais il n'y a pas que la presse antisémite française qui a repris cette information...

Le premier juin, Haaretz publiait l'information dans un article très similaire à celui du Monde (avec les mêmes précautions).

Plus intéressant, le même jour, c'est Ynet, le site du groupe Yedioth, qui reprenait l'information de la BBC avec, pour le coup, très peu de conditionnels. En voici la traduction (réalisée par Pétrus Lombard pour Alter Info):
Israël était l'initiateur du détournement d'Entebbe

Le dossier officiel du gouvernement Britannique cite une source anonyme déclarant que le Shin Bet coopérait avec les pirates de l'air du vol d'Air France, un groupe du Front Populaire de Libération de la Palestine, dans l'instigation de la crise créée pour affaiblir l'OLP

​​​​Un dossier du gouvernement Britannique compilé à l'époque des événements et publié par la BBC vendredi a révélé que, l'État d'Israël était derrière le détournement d'un avion d'Air France pour Entebbe en 1976, et avait coopéré avec le FPLP pour mettre l'affaire en scène.

​​​​Selon le dossier libéré par les Archives Nationales, un contact anonyme a dit à un diplomate britannique à Paris que le Shin Bet et le FPLP avaient collaboré pour s'emparer de l'avion, qui était détourné à Athènes et s'était envolé pour Entebbe en Ouganda, où 98 [personnes], la plupart d'entre eux Israéliens, étaient détenus en otage.

​​​​La fin de la crise survint après que des commandos Israéliens aient donné l'assaut à l'aéroport. Trois otages Israéliens et un commandant Israélien, Yonatan Netanyahu, furent tués pendant l'intervention.

​​​​Dans le document, écrit le 30 juin 1976 alors que la crise n'était pas encore résolue, DH Colvin de l'ambassade de Paris a écrit que selon sa source, « le détournement était le travail du FPLP avec l'aide du service secret Israélien, le Shin Bet. »

​​​​« L'opération était conçue pour torpiller la position de l'OLP en France et pour empêcher de voir un rapprochement grandissant entre l'OLP et les USA. »

​​​​Il a ajouté : « Mon contact a dit que le FPLP avait attiré toutes sortes d'éléments violents, quelques-uns de ceux qui avaient été placés par les Israéliens. »
La campagne n'est donc pas qu'orchestrée par les services «semi-officiels» de cet État notoirement antisémite qu'est la France. L'information est reprise par les médias israéliens eux-mêmes.

Personnellement, j'aurais tendance à juger le conditionnel très nécessaire.

Cependant, j'aimerais reproduire ici un article beaucoup plus ancien, publié le 16 juin 2006 par le Monde, signé Adrien de Tricornot, traitant d'une autre affaire.
Begin et l'attentat contre Adenauer en 1952
par Adrien de Tricornot

Le mystère de l'attentat manqué contre le chancelier allemand Konrad Adenauer, le 27 mars 1952, vient sans doute d'être levé. Selon une enquête de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), publiée mardi 13 juin, l'opération aurait été orchestrée par le futur premier ministre israélien et Prix Nobel de la paix Menahem Begin. Alors député et président du parti nationaliste Herout - issu de l'organisation terroriste dissoute Irgoun, dont il avait été commandant -, M. Begin s'opposait à un accord d'indemnisation des victimes de la Shoah que le chancelier négociait avec le gouvernement de David Ben Gourion. Le génocide ne pouvait être racheté par l'«argent ensanglanté» qu'offrait le «peuple meurtrier», dénonçait alors Begin dans ses discours.

La révélation de son implication dans la tentative d'attentat s'appuie sur les écrits du principal acteur de l'opération, Elieser Sudit. Cet ancien artificier de l'Irgoun avait fabriqué la bombe et l'avait dissimulée dans un livre. Il avait ensuite remis le colis à un complice, qui l'avait lui-même confié à deux gamins, à la gare de Munich, leur demandant de le poster. Mais ils s'étaient méfiés de ce paquet suspect adressé au chancelier Adenauer.

L'engin avait finalement explosé dans un commissariat de Munich, tuant un policier chargé de le désamorcer. Des lettres piégées avaient été aussi expédiées aux négociateurs de l'accord.

Ces actions avaient été revendiquées par une «organisation des partisans juifs» «pour venger le sang des millions de juifs tués par l'Allemagne». Quelques jours plus tard, Elieser Sudit était arrêté à Paris - où il avait fabriqué la bombe -, ainsi qu'un journaliste israélien et trois membres du Herout, dont le député Elieser Shostak. Faute de preuves, ils avaient été expulsés. Menahem Begin aurait défendu les membres de son parti auprès du chargé d'affaires français à Tel-Aviv.

Spécialiste de ce dossier, le journaliste berlinois Henning Sietz en avait déjà dévoilé de nombreux aspects dans son livre, publié en 2003, Attentat contre Adenauer. L'histoire secrète d'un attentat politique (éditions Siedler).

Pour compléter le puzzle dans la FAZ, M. Sietz a déniché un opuscule quasiment introuvable, publié à compte d'auteur par Elieser Sudit en 1994 : Mission de conscience. Elieser Sudit a attendu le décès de Menahem Begin pour coucher ses souvenirs sur 146 pages, sans publicité. Selon les extraits publiés par la FAZ, l'artificier a pris contact, au printemps 1952, avec le leader nationaliste, qui «était même prêt à une action symbolique dans le but d'exprimer notre colère, même si nous ne pouvions être en mesure d'empêcher l'accord», écrit Elieser Sudit. Menahem Begin aurait organisé une rencontre avec deux députés du Herout, Jochanan Bader et Chaim Landau, et un ancien chef des renseignements de l'Irgoun, Abba Scherzer. Il aurait été décidé d'envoyer Elieser Sudit à Paris, où il pouvait disposer d'appuis, afin de préparer la bombe-livre.

Les participants à la réunion pensaient que les envois n'atteindraient pas leurs buts, mais voulaient «réveiller la conscience du monde». Menahem Begin aurait proposé de mettre en vente sa montre en or pour financer l'opération.

Elieser Sudit aurait dissimulé son matériel explosif dans des étuis à cigares ou des bouteilles de médicaments contre l'asthme. Arrivé à Paris, il aurait acheté les composants manquants passage de l'Hôtel-de-Ville, ainsi qu'un volume de l'encyclopédie Brockhaus, lettres L à Z, pour dissimuler la bombe.

Après l'attentat manqué, Elieser Sudit n'a pas su rester discret, acceptant d'aider ses amis parisiens du Betar à déménager une cache d'armes et dissimulant des pistolets et des munitions sous le matelas de sa chambre d'hôtel. Finalement arrêté et expulsé, il sera condamné à quatre mois de prison à son retour en Israël.
Rappelons à nouveau (j'aime beaucoup, aussi, me copier-coller), que le 13 juin 2006, «L’armée [libanaise] a annoncé le démantelement d’un réseau terroriste agissant pour le compte du Mossad»:
Les services de renseignements de l’armée libanaise ont arrêté Mahmoud Rafeh, à l’origine de l’assassinat des frères Majzoub membres du Djihad Islamique le 26 mai dernier, à Saïda. Cet ancien FSI recruté par le Mossad a reconnu être impliqué dans d’autres attentats à la voiture piégée qui ont eu lieu au cours des dernières années. L’armée qui a saisi de nombreuses preuves à conviction au domicile de Rafeh a afirmé que d’autres membres de ce réseau terroriste avaient été arrêtés.

Ces derniers avaient effectué des stages de formation en Israël, une fois opérationnels, ils recevaient le matériel de communication et d’espionnage sophistiqué pour exécuter les ordres du Mossad. Ainsi, l’attentat contre les frères Majzoub à Saïda et l’assassinat de deux responsables du Hezbollah et de Jihad Ahmad Gibril, fils d’Ahmad Girbril (chef prosyrien du FPLP-CG) sont à mettre au compte de ce réseau, d’après les aveux de Rafeh.

Haaretz révélait aussi, le 29 mars dernier, qu'Israël avait employé et protégé un ancien nazi, directement impliqué dans l'Holocauste et responsable de la mort d'au moins 100000 personnes.

Mais ne soyons pas paranoïaques, et continuons de croire à la sincérité de ceux qui prétendent mener «la guerre aux terrorisme».

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La liste des attentats terroristes perpétrés par les sionistes est très longue. Souvenons-nous du meurtre du comte Folke Bernadotte, de l'attentat de l'hôtel King David à Jérusalem, des massacres de Deir Yassine... Et ce n'était qu'un commencement.

Lebanese lay with private confession a dit…

Salut, je me trompe ou sur la photo de l'article de l'OLJ de ce jour (6 mai 07) le matériel militaire (kalch, treillis, ...)
http://www.lorientlejour.com/page.aspx?page=article&id=343756

L'on sait que les factions palestiniennes détiennent encore des armes, mais dans ce cas, le matériel ne semble pas avoir servi pendant 15 ans !
Donc d'où vient-il ?

Lebanese lay with private confession a dit…

Deux camps palestiniens au Liban subissent actuellement des troubles : Aïn el-Helwé (Saïda) et Nahr el-Bared (sur le littoral du Akkar à 17 km au Nord de Tripoli). Il est surprenant que ce soit les principaux camps des régions qui ne sont que peu, voir pas, composées de populations de confession chiite ! La majorité des autres camps sont situés dans des régions où le Hezbollah et le parti Amal sont fortement implantés (Beqaa, Banlieue sud de Beyrouth, Tyr).
Certains diront, puisque c’est une manipulation syrienne, ou iranienne, ou encore du 8 mars, … quoi de plus normal de vouloir créer des agitations en milieu communautaire majoritairement sunnite afin de déstabiliser la coalition du 14 mars et le gouvernement.
Mais attention, ce genre d’arguments confrontés aux réalités du terrain ne tiennent pas.
En effet, il paraît très difficile pour un quelconque manipulateur de créer une zizanie dans des camps palestiniens situés dans des zones à forte influence Hezbolli. Car le contrôle social et politique de l’espace est réalisé à l’aide de réseaux bien structurés et grâce à un maillage serré.
Par ailleurs, la majorité des Palestiniens vivant dans ces espaces bénéficie de soutiens et de solidarités de la part des populations des partis chiites. Encore, le Hezbollah bénéficie d’une légitimité populaire sans faille de la part de ces populations, puisqu’il apparaît comme le seul acteur faisant face à l’Etat sioniste spoliateur de la plupart de leurs terres et de leurs biens !
Les manipulateurs voulant délégitimer les positions du Hezbollah, et plus généralement celles de la coalition du 8 mars, cherchent à catalyser un conflit là où cela reste possible, c'est-à-dire dans les camps de Aïn el-Helwé et de Nahr el-Bared, d’autant que ceux-ci sont les plus importants numériquement, donc les plus difficiles à contrôler.
Certains diront encore que le camp de Nahr el-Bared est situé très près de la Syrie et que donc, la tache est plus facile pour celle-ci.
Ce genre d’argument ne tient pas également pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je ne sais pas ce que c’est que « la Syrie » dans ce genre de discours. Bien malin celui qui pourrait me l’expliquer, et même des Patrick Seale, Volker Perthes, Elizabeth Picard ne s’y risqueraient sans doute pas sans de nombreuses réserves. L’autorité syrienne, est composée de différents courants et elle est traversée par de nombreux rapports de forces qui ne sont pas aisés à déchiffrer. « La Syrie » ne peut donc pas être un acteur univoque !
Par ailleurs, les évènements du Denniyeh (31 décembre 1999) avaient surpris les services de sécurité syriens présents au Liban. Une part des jihadistes trouvera refuge dans les camps (Nahr el-Bared notamment). Le second bureau syrien se rendant alors compte que ses réseaux d’information ne sont pas opérationnels dans les camps du Nord, prend entre autres décisions de libérer, à la veille de la consultation législative du Liban-Nord, le Cheikh Hachem MINKARA. Cet ancien leader du Parti de l’Unification Islamique de Tripoli emprisonné depuis 1985 dans les geôles syriennes est libéré dans l’espoir qu’il aille à la reconquête des camps et que ses réseaux fassent remonter de l’information. Pour l’anecdote (qui n’en est pas une d’ailleurs), Minkara reviendra à Tripoli dans la voiture personnelle de Nagib Mikati accompagné par ce dernier, alors ministre des travaux publics et des transports et candidats aux législatives.
À ma connaissance, cette carte jouée par le 2nd bureau n’a pas donné les résultats escomptés et les oppositions de factions dans les camps, si elles ont un peu évolué sur leurs marges, non pas été fortement modifiée depuis. Je désire cependant exprimer une réserve quant cette dernière phrase, qui, j’en suis conscient, relève plus d’un sentiment basé sur quelques informations que sur une véritable enquête vérifiant l’intégralité des données.
Ainsi est-il tout à fait léger et irraisonné d’affirmer que « la Syrie » contrôle les camps palestiniens du Nord-Liban. C’est beaucoup plus compliqué que cela.
Que celui détient des preuves concernant de tels agissements les avancent. Je serais très intéressé pour les étudier.
Enfin, j’espère que certains jihadistes seront arrêtés et jugés publiquement afin que l’on puisse récolter de ce côté quelques éléments d’informations. Car jusqu’à présent, ceux-ci sont soit morts, soient renvoyés dans leurs pays (4 saoudiens par exemple). Avec de tels comportements, aucune chance pour que l’on puisse tirer des éléments objectifs d’information sur ces événements. Bizarre non ?!
Pierre L

Anonyme a dit…

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