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05 juin 2009

Qui participe au massacre des libanais et des palestiniens?

C'est décidément le sujet qui n'intéresse pas nos médias. Je l'avais déjà abordé ici fin août 2006: La France, Israël et le marché de l'armement. Au-delà des déclarations de principe vaguement affichées par les gouvernements français et européens, c'est dans la pratique qu'on doit juger ces «principes».

Un récent rapport du Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits, présenté fin mai 2009, a fait l'objet d'un article d'IPS News. Le rapport ne semblant pas disponible sur Internet (mais on peut le commander ici), je vous propose une traduction maison de l'article d'IPS.
Entre 2003 et 2007, la France a émis des licences pour plus de 446 millions d'euros (623 millions de dollars) pour les exportations d'armes vers Israël. Cela fait de la France, de loin, le plus grand fournisseur d'armes à Israël dans l'Union européenne.

Patrice Bouveret, du Centre français de recherche sur la paix (conflits CRDPC) à Lyon, affirme que ces ventes sont en contradiction avec le code de conduite émis par l'Union depuis une dizaine d'années quant aux exportations d'armes. Déclaré officiellement contraignant par les gouvernements de l'UE l'année dernière, ce code interdit les ventes d'armes dans les cas où elles pourraient exacerber des tensions régionales ou lorsqu'il ya une forte probabilité qu'elles soient utilisées en violation des droits de l'homme.

S'exprimant jeudi à l'occasion de la publication de son nouveau rapport sur l'implication israélienne dans le commerce des armes, intitulé «Qui arme Israël et le Hamas?», Bouveret a rejeté les assurances répétées du gouvernement français selon lesquelles les exportations en question sont généralement seulement des composants de produits militaires plutôt que des systèmes d'armement complèts. «Même si elles ne sont que des composants, elles sont utilisées directement par l'armée israélienne», at-il ajouté.

Selon les résultats d'une étude d'Amnesty International publiée en février, des composants électriques portant l'inscroption «Made in France» ont été retrouvés dans les ruines de bâtiments détruits par l'armée israélienne au cours de l'offensive lancée contre la bande de Gaza l'an dernier. Les éléments font partie de missiles Hellfire AGM fabriqués par la société américaine Hellfire [Feu de l'enfer, NDT] Systems, une entreprise conjointe de Lockheed Martin et Boeing.

Bouveret a également fait valoir qu'Israël est désireux de renforcer sa coopération militaire avec l'Europe afin de réduire sa dépendance face aux États-Unis.

Depuis qu'un embargo de sept ans sur les ventes d'armes à Israël a été levé par le gouvernement français en 1974, l'État hébreux s'est tourné vers la France pour acheter des lasers et des équipements spécialisés pour la reconnaissance qu'il n'a pas été en mesure d'obtenir de l'US.

La valeur globale des permis délivrés par les gouvernements de l'UE pour les les ventes d'armes à Israël s'élevaient à 846 millions d'euros entre 2003 et 2007. Après la France, les plus importantes exportations provenaient d'Allemagne, de Grande-Bretagne, de Belgique, de Pologne, de Roumanie et de la République tchèque.

Dix des 27 États membres de l'Union affirment officiellement, cependant, qu'ils ne vendent pas d'armes à Israël. Il s'agit notamment du Portugal, de l'Irlande, de la Finlande et du Danemark.

Caroline Pailhe du GRIP, une organisation belge qui surveille le commerce des armes, a déclaré à l'occasion de la présentation du rapport à Bruxelles jeudi que l'attaque d'Israël contre le Liban à l'été 2006 semble n'avoir eu «aucune influence réelle» sur les exportations militaires vers Israël. La valeur des licences approuvées par les pays de l'UE n'est tombé qu'à 127 millions d'euros en 2006 par rapport aux 145 millions d'euros de l'année précédente. Mais il a ensuite grimpé à 199 millions d'euros en 2007.

Israël est en passe de devenir un acteur important dans l'industrie de la défense globale. Il est à la fois le sixième plus gros importateur et le quatrième plus important exportateur. L'an dernier a constitué une année record pour son industrie. Pendant les six premiers mois, Israël a vendu pour 5,3 milliards de dollars d'armes à l'étranger, à comparer aux 4,7 milliards de dollars pour l'ensemble de 2007, selon à la Chambre de commerce franco-israélienne.

Le développement de cette industrie a été fortement subventionnés par les États-Unis durant la période 1951-2006, les États-Unis ayant fourni à Israël 162 milliards de dollars. En comparaison, l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne, la région la plus pauvre du monde, a reçu seulement 88 milliards de dollars.

Environ 75 pour cent de l'aide bilatérale des États-Unis à Israël a été fournie par le biais de deux programmes: le Financement militaire à l'étranger [Foreign Military Financing], qui subventionne les ventes d'armes américaines, et le Fonds de soutien économique [Economic Support Fund], qui alloue des subventions aux alliés stratégiques.

Gerald Loftus, un ancien diplomate américain, dit qu'il s'attend à ce que le Président Barack Obama ne réduise pas l'ampleur de l'aide à Israël.

Mais Leila Shahid, la représentante en chef de l'Autorité palestinienne à Bruxelles, fait une distinction entre le ton de la politique étrangère prônée par Obama et celle menée par son prédécesseur George W. Bush. «La peur a été le leitmotiv de toutes les politiques du président Bush», a-t-elle déclaré lors de la présentation du rapport. «Il a exploité la peur contre l'islam et la crainte d'un choc des civilisations. Obama a rejeté l'idée de la manipulation la peur.»

Pendant ce temps, l'ancienne présidente de la Knesset israélienne Colette Avital a critiqué les restrictions imposées par son gouvernement sur les livraisons de marchandises à Gaza.

Des pharmaciens dans la bande de Gaza affirment qu'ils sont incapables de vendre des traitements contre les poux des enfants, de vendre des appareils orthopédiques pour les genous aux personnes blessées à la jambe, et divers médicaments, car Israël ne permet pas à ces articles d'être transportés dans la bande. Livres et journaux ont également été interdits d'entrer dans la bande de Gaza.

Avital, l'un des principaux membres du Parti travailliste israélien, a déclaré à IPS qu'elle serait en faveur de veiller à ce que le matériel qui pourrait être utilisé comme explosif soit empêché d'entrer dans la bande de Gaza, mais que refuser l'accès à des produits qui sont disponibles ailleurs est «contreproductif».

«Je ne vois pas le but de ne pas autoriser certains biens qui ne sont pas destructeurs», a-t-elle dit lors d'une visite à Bruxelles, ce semaine. «Les livres et les médicaments doivent passer.»
Il me semble qu'on aurait le droit, en tant que citoyens français, d'être informés de ces faits par nos médias. Et, en attendant, d'être outré.

On peut aussi noter ceci:
Israël est le partenaire numéro un de l’Inde dans le domaine de la défense. Un contrat d’1,4 milliard de dollars a été signé entre les deux pays pour l’achat de systèmes anti-missiles chargés de protéger la côte maritime indienne.

Guysen News :

Considéré comme l’un des plus gros accords signés entre les deux pays, c’est également le plus gros partenariat militaire indien conclu avec un pays étranger, devant la Russie, la Suède, la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis.
« Nous avons une relation très spéciale dans le domaine de la défense avec l’Inde », a déclaré récemment le Général Udi Shani, directeur de l’agence ‘Sibat export’ du Ministère de la Défense.

L’an dernier, un contrat d’armement de 2,5 milliards de dollars avait été conclu entre les deux pays.
Pendant ce temps, les méchants russes:
La Russie a gelé un contrat de livraison de chasseurs intercepteurs MiG-31E à la Syrie sous la pression d'Israël, a rapporté mercredi le quotidien russe Kommersant citant des sources au sein du complexe militaro-industriel.

Le contrat, signé à Damas au début 2007, prévoyait la vente à la Syrie de huit appareils pour un montant de 400-500 millions de dollars. Il devait être réalisé par l'usine aéronautique Sokol basée à Nijni Novgorod (Volga), écrit le journal.

Selon une source proche de Rosoboronexport, société publique russe chargée de la vente d'armes, la décision a été prise sous la pression d'Israël, voisin de la Syrie avec laquelle l'Etat hébreu reste officiellement en guerre.

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